AFP, Pékin, 31 mai – Le deuxième sommet sino-arabe s’est ouvert mercredi à Pékin, avec l’énergie et l’Iran à l’agenda, en présence du chef de la diplomatie palestinienne qui devait rencontrer son homologue chinois Li Zhaoxing.
Pour la deuxième édition du Forum de coopération sino-arabe, prévu sur deux jours, la Chine a invité le ministre issu du Hamas, Mahmoud Zahar, aux côtés des représentants des 22 Etats membres de la Ligue arabe.
La Chine est le deuxième pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, après la Russie, à recevoir une délégation du Hamas, mouvement islamiste qui a formé le gouvernement palestinien fin mars après avoir remporté les élections législatives en janvier. Israël le considère comme une organisation terroriste.
« Cette année marque le 50e anniversaire des relations entre la Chine et les pays arabes », a déclaré le président chinois Hu Jintao, à l’ouverture du Forum, affirmant vouloir « renforcer la coopération dans tous les domaines ».
Peu d’informations ont été données par les Chinois, mais, selon des sources au sein du ministère des Affaires étrangères citées par l’agence officielle Chine Nouvelle, le dossier nucléaire iranien devrait être au programme des entretiens.
Le sommet sino-arabe doit aussi faire la part belle à la coopération économique, notamment énergétique, bien que la Chine se défende de mener une « diplomatie pétrolière ».
La Chine, deuxième consommateur d’énergie au monde après les Etats-Unis, avec 6,4 millions de barils par jour en 2005, importe près de 45% du pétrole qu’elle utilise.
Adepte de la diversification, elle est allée chercher ses sources d’approvisionnement dans le monde entier ces dernières années, mais ses premiers fournisseurs restent les pays arabes, qui lui ont vendu plus de 52 millions de tonnes de brut en 2005, soit 45% de ses importations, et parmi eux, l’Arabie saoudite (14% des importations).
En progression fulgurante depuis une quinzaine d’années, les échanges commerciaux sino-arabes ont dépassé 51,3 milliards de dollars en 2005, en hausse de quelque 40% sur un an, dix fois plus qu’il y a dix ans.
Vers les pays arabes, son septième partenaire commercial, la Chine exporte principalement des produits électriques, technologiques et du textile.
« La Chine et les pays arabes devraient profiter de leur complémentarité économique (…) En favorisant la libre circulation des biens, du capital, de la technologie et des services, nous pourrions porter nos relations commerciales à 100 milliards de dollars en 2010 », a déclaré, devant les délégués, le conseiller d’Etat (membre du gouvernement) Tang Jiaxuan.
Mais la Chine n’entend pas circonscrire ses liens avec cette partie du monde à une relation d’affaires.
Le Forum, formellement lancé en septembre 2004 au Caire, a aussi été fondé pour développer les relations politiques.
« Le Forum nous a déjà donné une bonne opportunité d’avoir des consultations politiques sur de nombreux dossiers d’intérêt commun, en particulier la question palestinienne, l’Irak, le Soudan, la réforme de l’Onu », a souligné de son côté le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.
D’ailleurs, mardi, Pékin avait défendu son invitation au ministre palestinien des Affaires étrangères.
« La situation au Proche-Orient est inquiétante. La Chine n’est pas pour l’isolement et le blocus économique », avait expliqué le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Liu Jianchao.
« Israël comprend notre position (…) qui a pour but de calmer la situation et d’améliorer les relations entre Israël et la Palestine », a-t-il dit.
De son côté, dans une interview à Chine Nouvelle, M. Moussa, qui co-préside le Forum sino-arabe, a estimé que « la meilleure chose à faire est d’avoir des contacts avec le Hamas plutôt que de l’isoler ».