Le Blog Finance, 18 juin – Par Elisabeth Studer – Certains auraient pu croire que Russie et Iran étaient frères ennemis, que nenni ! Qui dit tout d’abord frères ennemis, dit tout de même frères, même si cela doit être par le lien du sang. Celui-ci ne semble heureusement pas prêt couler suite à d’éventuels conflits entre Iran et Russie, bien au contraire.
Alors que le président russe Vladimir Poutine a fait part, vendredi à Shanghai, du souhait exprimé par le géant gazier russe Gazprom, de participer à un projet du transport du gaz naturel par des pipelines entre l’Iran et l’Inde via le Pakistan, Russie et Iran souhaitent s’accorder pour établir ensemble les tarifs du gaz et créer une co-entreprise pour l’exploitation des réserves de gaz naturel dans les deux pays. Tout de même. Le désaccord n’est donc pas là ou l’on croit.
I Gazprom : projet de gazoduc entre Iran et Inde
Le président russe Vladimir Poutine a fait part, vendredi à Shanghai, de la disposition du géant russe Gazprom, premier groupe gazier mondial, à participer à un projet du transport du gaz naturel par des pipelines entre l’Iran et l’Inde via le Pakistan. « Nous pensons que cela est tout à fait réalisable. L’Iran le veut ainsi que le Pakistan et l’Inde. Gazprom est prêt à aider », a déclaré Poutine à la presse à l’issue des travaux du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), auquel participaient, notamment le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad et le ministre indien du Pétrole, Murli Deora.
Le gaz naturel d’Iran serait transporté par des pipelines jusqu’en Inde, dont les besoins énergétiques vont grandissant, en traversant la province de Balouchistan, dans le sud-ouest du Pakistan.
Le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), tenu jeudi, a porté, notamment sur le renforcement de la coopération dans la lutte contre le terrorisme.
II – Le président iranien propose à la Russie de fixer en commun les prix du gaz
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a proposé jeudi à la Russie de fixer en commun les prix du gaz et ses principaux itinéraires, lors de son entretien à Shanghai avec le président russe. Le leader iranien a déclaré que Moscou et Téhéran pourraient accroître l’efficacité de leur coopération, et ce notamment dans le domaine du gaz. L’Iran estime que les deux pays peuvent coopérer étroitement aussi bien pour fixer le prix du gaz que pour assurer la stabilité globale des livraisons.
De l’avis de Mahmoud Ahmadinejad, la Russie et l’Iran ont un potentiel immense pour développer leurs rapports économiques et commerciaux, précisant que leur coopération jugée fort prometteuse n’était qu’à ses débuts.
La Russie soutient on ne peut plus clairement l’initiative de ses partenaires iraniens », allant même bien au delà de toute espérance. Le président russe a ainsi confirmé à son tour les pourparlers menés par les compagnies respectives des deux pays sur la conjugaison des efforts dans le secteur pétro-gazier. Poutine a, également, précisé que Moscou souhaitait créer une co-entreprise avec l’Iran pour l’exploitation des réserves de gaz naturel dans les deux pays. « Nous discutons sur le fait d’avoir un dépôt en Russie et un dépôt en Iran et de la création d’une co-entreprise. C’est seulement une idée pour l’instant, nous n’en sommes pas encore au niveau technique », a-t-il expliqué.
Vladimir Poutine a par ailleurs affirmé qu’Iran et Russie disposaient de beaucoup de domaines prometteurs de coopération, comme le secteur énergétique et les télécommunications, des intervenants des deux pays travaillant même énergiquement dans tous ces domaines, selon lui.
D’après les chiffres communiqués par le Président Russie, depuis 2000, le chiffre d’affaires des contacts économiques et commerciaux entre les deux pays aurait triplé. Bien que la Russie soit en retard sur d’autres partenaires de l’Iran comme l’UE, la Chine ou le Japon, V.Poutine a jugé ces résultats comme autant de signe prometteur.
III Le dossier du nucleaire iranien à Shanghai
Même si le problème nucléaire iranien ne figurait pas à l’ordre du jour du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), il ne pouvait être occulté. Ainsi, il a été recommandé au président iranien, présent au sommet de Shanghai en qualité d’observateur, d’accepter l’offre des Six à laquelle il n’a toujours pas répondu, bien que concédant désormais y trouver quelques aspects positifs.
Lors de sa rencontre avec le président Mahmoud Ahmadinejad, Vladimir Poutine a réitéré sa position selon laquelle « tous les pays du monde, y compris l’Iran, avaient le droit de mettre les hautes technologies au service de leur développement ». Mais que cela devait être fait de manière « à ne susciter aucune préoccupation de la part de la communauté internationale au sujet de la non-prolifération ». Vladimir Poutine a également remis en avant la proposition russe de créer une entreprise conjointe pour l’enrichissement d’uranium ainsi que l’initiative globale d’implanter un réseau de centres internationaux analogues.
Il a par ailleurs été proposé à l’Iran d’introduire un moratoire sur l’enrichissement d’uranium. qui devra rester en vigueur tant que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) n’aura pas effectué un contrôle rigoureux et levé toutes les questions en suspens concernant ces activités.
L’Iran pourrait s’attacher à obtenir le droit d’enrichir de l’uranium à des fins scientifiques pendant la période au cours de laquelle l’AIEA contrôlera les sites nucléaires iraniens. A cours d’arguments, Téhéran pourrait accepter d’introduire un moratoire sur l’ensemble des travaux sur l’uranium, mais à condition que ce soit un moratoire provisoire, ce qui ne semble pas irréalisable. A Shanghai les présidents russe et chinois ont dit au leader iranien qu’ils n’étaient pas opposés à ce que l’Iran puisse enrichir de l’uranium à des fins scientifiques pendant les contrôles effectués dans les sites nucléaire iraniens. Le directeur général de l’AIEA lui aussi s’est prononcé dans ce sens. Par conséquent, des partisans pourraient défendre cette solution au Conseil de sécurité de l’ONU et au niveau des Six. Reste à savoir si de telles propositions satisferont l’Iran.
La presse internationale annonce ces derniers jours que les Etats-Unis seraient à la recherche d’un site en Europe pour y installer des moyens à même d’intercepter des missiles iraniens et que le premier ministre israélien a laissé entendre que son pays ne tolérerait pas que l’Iran se dote de l’arme nucléaire. Sans préciser toutefois comment il s’y prendrait.
En attendant, Téhéran semble durcir sa position en ce qui concerne la défense de son droit d’enrichir de l’uranium . Dans le rapport sur l’Iran de l’AIEA, le directeur général de l’agence, Mohamed El-Baradei a relevé que l’Iran avait repris ses activités d’enrichissement d’uranium. En outre, le dernier chargement d’uranium exafluoride dans la cascade des 164 centrifugeuses a été effectué le 6 juin, le jour où l’offre des Six lui était remise.
IV – OCS: l’Iran veut devenir membre à part entière
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a confirmé vendredi lors d’une conférence de presse la volonté de son pays de devenir membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai, ajoutant que son efficacité était reconnue à Téhéran.
Le président iranien a tout de même rappelé que la question de l’adhésion à l’OCS pour les pays observateurs n’avait pas été abordée lors du sommet de l’organisation qui s’est déroulé jeudi en Chine.
M. Ahmadinejad a souligné en outre que, même en ne bénéficiant que du statut d’observateur, l’Iran entretenait avec les pays membres de l’OCS d’excellents rapports très prometteurs.
Il a enfin qualifié l’OCS d’organisation très efficace, favorisant la paix et la stabilité dans la région, comme sur le plan international.