AFP, Téhéran, 23 juin L’Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, a annoncé vendredi son intention de cesser ses importations d’essence en septembre et de commencer à la rationner.
« Comme il n’y a pas de disposition sur l’importation de l’essence dans la deuxième moitié du budget de cette année (iranienne, entamée en mars) … les importations vont naturellement cesser et l’essence sera rationnée », a déclaré le ministre du Pétrole, Kazem Vaziri Hamaneh.
Dans des déclarations à la télévision d’Etat, le ministre a affirmé que les importations allaient cesser à partir du 23 septembre, et que le gouvernement devrait fixer la semaine prochaine une date pour le début du rationnement.
Grce à de grosses subventions, l’essence iranienne est l’une des moins chères du monde, à 800 rials (0,09 USD) pour un litre d’ordinaire et 1.100 rials (0,12 USD) pour le super.
L’Iran n’en souffre pas moins d’un déficit chronique d’essence et doit importer une grande partie de sa consommation en raison de ses faibles capacités de raffinage.
Le pays consomme chaque jour 72 millions de litres d’essence mais n’en produit que 42 millions, le reste étant importé.
Une explosion du parc automobile et la contrebande d’essence vers les pays voisins de l’Iran où les prix sont beaucoup plus élevés, ont accru le déficit du précieux liquide.
La contrebande d’essence et d’autres produits pétroliers raffinés vers les pays voisins de l’Iran représente 1,1 milliard de dollars par an.
Le déficit avait jusqu’ici été réduit grâce aux importations d’essence.
En février, le Parlement avait réduit à 2,5 milliards un budget de 4 milliards de dollars qu’avait réclamé le gouvernement pour les importations d’essence. Ce budget a vraisemblablement été dépensé dans la première moitié de l’année iranienne, qui a commencé le 21 mars, en raison de prix plus élevés sur les marchés mondiaux et d’une consommation plus importante.
Le Parlement a par la suite autorisé le gouvernement à introduire un double système de rationnement et de prix pour ce carburant, mais le ministre du Pétrole a indiqué vendredi qu’il ne serait pas appliqué, sans expliquer pourquoi.
Le président de la Commission de l’énergie du Parlement, Kamal Daneshyar, avait indiqué en novembre dernier que chaque particulier pourrait acheter quotidiennement trois litres, et chaque taxi 30, au prix subventionné, mais toute quantité supérieure serait vendue à un prix beaucoup plus élevé.
L’article de la loi du budget 2006/07 précisait que le gouvernement pourrait introduire cette mesure « en cas de nécessité, après avoir développé le réseau de transport en commun, et augmenté le nombre de voitures fonctionnant au gaz ».
Entre-temps, des analystes estiment que Téhéran pourrait être très vulnérable à des sanctions touchant ses importations d’essence, si les Etats-Unis décident de sanctionner l’Iran dans la crise sur son programme nucléaire.
Les caisses de l’Etat ont été gonflées par la hausse des prix mondiaux du pétrole intervenue depuis plus d’un an, et les revenus des exportations de brut excédant les prévisions budgétaires ont été placées dans un Fonds de stabilisation pétrolier.
En septembre, le Parlement avait autorisé le gouvernement à y piocher 2,93 milliards de dollars pour financer des achats d’essence jusqu’en mars.
Un tel scénario parait avoir peu de chance de se renouveler, selon un député membre de la commission de l’énergie, Javad Saadounzadeh.
« Un retrait de liquidités du Fonds pour approvisionner le marché en essence (…) contredit absolument la politique macro-économique de réduction de la consommation prévue dans le plan de développement » du pays, a-t-il dit vendredi, cité par l’agence Isna.
Il s’est prononcé pour la mise en application d’ici trois mois du système de rationnement et de double tarification rejeté par M. Hamaneh.