Le Monde, 5 avril par Jean Marc Manach Reprenant les propos de Mahmoud Ahmadinejad, Tony Blair et des familles des soldats libérés, The Independent met en « une » les deux dirigeants, tête-bêche. L’un crie « victoire ! » l’autre, « triomphe » : « Qui sort grandi de cette crise des otages ? Tout dépend de comment vous la regardez. » L’Iran réaffirme son rôle de pouvoir régional et de puissance internationale avec qui il faut négocier ; la Grande-Bretagne démontre ses talents diplomatiques et améliore ses relations avec l’Iran, mais aussi la Syrie.
Le Washington Post rappelle que « même la Syrie » avait appelé à la libération des Britanniques, et que l’Iran, qui privilégierait le court terme au long terme, pourrait « payer cher », et longtemps, ce qu’elle vient de faire. Le Guardian relève, lui aussi, que les Syriens affirment avoir joué un rôle déterminant et que, si l’Iran a finalement compris que la prise en otage de soldats n’était pas une solution, le pays avait, par trois fois et en vain, demandé à l’armée britannique de cesser de pénétrer dans son espace maritime.
Il n’en reste pas moins que, pour le Los Angeles Times entre autres, cette libération est »un coup majeur de propagande » pour Ahmadinejad et les partisans de la ligne dure en Iran, d’autant plus fort que c’est précisément le Royaume-Uni qui « humilia » le pays pendant des siècles.
Le quotidien américain relève ainsi que les Britanniques avaient cessé de jouer la confrontation, pariant sur la diplomatie, et que les 72 heures précédant l’annonce de la libération des otages, ils avaient baissé d’un ton à commencer par Tony Blair , « calmant les nerfs » de Téhéran. Cette réaffirmation des valeurs de la diplomatie sur les options militaires prend une tournure toute particulière quand on apprend que le négociateur britannique est pressenti pour devenir l’ambassadeur de Londres à Washington.
Le Christian Science Monitor remarque, pour sa part, que l’annonce surprise de la libération des soldats britanniques intervient à l’occasion de l’anniversaire du prophète Mahomet, mais aussi de Pâques. Se référant à l’enlèvement, l’été dernier, des deux soldats de Tsahal, le journal constate également qu’Israël, qui privilégia l’option militaire, n’a toujours pas récupéré ses otages, et qu’il a démoli la moitié du Liban.
Dans son éditorial, le Guardian tente de tirer les leçons de la crise. L’Iran a certes regagné son rang, après une série d’humiliations internationales, allant de l’arrestation par les Américains de cinq de ses ressortissants en Irak à la désertion présumée de l’un de ses plus hauts dignitaires militaires en passant par la mort suspecte de l’un de ses plus éminents scientifiques nucléaires. Mais une épée de Damoclès continue de menacer Téhéran : « La conviction des faucons de Washington et des militaires israéliens que la seule façon d’empêcher l’Iran d’enrichir son uranium est de bombarder le pays. »