Associated Press, 6 avril – Ils étaient bien en dehors des eaux territoriales iraniennes lorsqu’ils ont été capturés le 23 mars dans le Golfe par les Gardiens de la révolution (Pasdaran) du régime de Téhéran: les 15 marins britanniques, rentrés au pays la veille, ont fait cette mise au point vendredi et raconté la pression psychologique subie pendant cette aventure.
« Que les choses soient bien claires, quoi qu’il ait été dit par le passé, nous étions dans les eaux irakiennes internationalement reconnues », a déclaré le lieutenant Felix Carman, 26 ans, au début de la conférence de presse.
Pendant leur détention en Iran, les marins et fusiliers-marins, transformés en outil de propagande par le régime des mollahs avaient dit le contraire à la télévision iranienne: ils ont expliqué vendredi l’avoir fait sous la contrainte.
A Téhéran, la télévision d’Etat iranienne n’a pas tardé à riposter, dénonçant une conférence de presse « pré-organisée », où les marins se seraient contentés de « lire les pages qu’on leur a dictées ». L’analyste politique maison, présenté sous le nom unique de Zaraei, a ensuite estimé que « les responsables militaires britanniques l’ont dicté, mais ce show ne changera pas la réalité et ne mettra pas à mal la crédibilité du fait que les marins britanniques se trouvaient dans les eaux iraniennes ».
« Nous étions interrogés presque chaque nuit, et on nous présentait deux options », a raconté Carman. « Si nous reconnaissions que nous nous étions fourvoyés, on nous remettait rapidement dans l’avion. Sinon, nous risquions sept ans de prison. »
Les marins ont fait l’objet de « pressions psychologiques constantes », et tout particulièrement la seule femme du groupe.
Faye Turney, 26 ans et mère d’une petite fille de trois ans, a en effet été isolée de ses camarades dans une cellule à part, et on lui a dit que les autres étaient repartis. Selon le capitaine des Royal Marines Chris Air, « elle a eu l’impression pendant environ quatre jours qu’elle était la seule à être là. Elle a fait admirablement face et est restée très digne ». « Comme nous tous elle a été exploitée », a-t-il ajouté, mais plus encore de par sa condition de femme en République islamique, et a subi un traitement différent.
Interrogatoires très durs, geôliers agressifs, conditions de détention difficiles, à l’isolement dans des cellules en béton brut, à dormir sur des couvertures pliées… Du coup, Arthur Bachelor, le plus jeune des marins, âgé de 20 ans, ne lâchant pas la main de sa soeur pendant la conférence de presse, a raconté avoir beaucoup souffert, et craint pour sa vie. « C’était comme de la torture émotionnelle. Nous étions tous seuls et les yeux bandés. »
Revenant sur les conditions de leur capture au cours d’une mission de contrôle des navires de routine dans les eaux du Chatt el-Arab, Chris Air a expliqué qu’ils s’étaient retrouvés face à des Iraniens agressifs. « Ils ont éperonné nos bateaux, nous ont mis en joue avec leurs mitrailleuses et RPG. Six autres bateaux nous encerclaient. Nous avons compris que nos efforts de raisonner avec eux ne donnaient rien, et nous n’avons pas pu calmer certains des individus. »
« Nous avons compris que si nous avions résister il y aurait eu une bataille majeure, une bataille que nous n’aurions pas pu gagner et avec des conséquences stratégiques majeures. Nous avons pris la décision conscience de ne pas résister aux Iraniens et de faire ce qu’ils demandaient », a ajouté Chris Air. AP