Libération, 29 juin – Par Raja Khelifi – Le régime a décidé de rationner lessence à 100 litres par mois. Le calme semble pour linstant revenu à Téhéran, après des émeutes sans précédent dans la nuit de mardi à mercredi, suscitée par la décision du gouvernement de rationner lessence. Des files de voitures longues de plusieurs kilomètres étaient visibles, hier, devant des stations de la capitale iranienne pour faire le plein.
La veille, douze stations-service avaient été brûlées par des automobilistes quelques heures après lannonce surprise de la mise en vigueur immédiate du rationnement.
Ce dernier, prévu pour durer quatre mois, naccorde que 100 litres dessence par véhicule et par mois et 800 litres aux taxis officiels. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées par la police lors dune brusque poussée de fièvre prise très au sérieux par le régime. Durant les émeutes, les autorités ont ainsi bloqué les réseaux de SMS pour éviter la propagation de la contestation. Elles ont également interdit à la presse de diffuser des informations sur ces événements.
Proche du président Mahmoud Ahmadinejad, le quotidien Kayhan a accusé «la mafia du trafic dessence» davoir provoqué les attaques contre les stations-service . Le journal modéré Kargozaran a, quant à lui, regretté que la police, débordée par les émeutes, «nait pas été informée de la date de démarrage du rationnement».
«Le gouvernement était censé prévenir la population 24 heures avant le début du plan», a souligné Esmaïl Ahmadi Moqhadam, le chef de la police.
Malgré ses énormes réserves dhydrocarbures, lIran, quatrième producteur mondial, dispose dune capacité de raffinage limitée, et importe 40 % de ses besoins en carburant – un détail qui a son importance alors que lONU menace de renforcer ses sanctions découlant des ambitions nucléaires de Téhéran.
LIran nest pas un cas isolé. Dautres gros producteurs de pétrole sont contraints dimporter des produits dérivés du brut : le Nigeria, premier producteur africain, doit ainsi importer près de 100 % de ses produits raffinés car aucune des quatre raffineries du pays nest en état.
Elu en 2005, Ahmadinejad avait promis de «mettre largent du pétrole sur la table des Iraniens» . Une promesse quil na pas tenue. Mercredi, des automobilistes hurlaient: «Ahmadinejad doit être tué!» Hier soir, des députés iraniens réclamaient un réexamen des quotas dessence.