The Associated Press, 21 janvier – Mahmoud Ahmadinejad a été publiquement désavoué lundi par l’ayatollah Khamenei, qui a annulé l’une de ses décisions et lui a ordonné de mettre en oeuvre une loi sur l’approvisionnement en gaz naturel de villages isolés.
C’est un camouflet humiliant pour le président ultraconservateur qui a vu sa popularité chuter ces derniers mois avec la montée des prix de l’alimentation et du logement et les décès rapportés de 64 Iraniens liés à des coupures de gaz durant un hiver particulièrement rigoureux en Iran.
Sollicité par le parlement iranien dominé par les conservateurs, l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême iranien, a ordonné au président d’appliquer une loi débloquant 680 millions d’euros du fonds de réserve monétaire pour fournir en gaz des villages isolés. Le président iranien avait invoqué des raisons budgétaires pour ne pas mettre en oeuvre la mesure.
« Toute législation légale passée par les procédures stipulées dans la Constitution est contraignante pour toutes les branches du pouvoir », a déclaré l’ayatollah, dans sa réponse écrite lue par le président du Parlement Gholam Ali Haddad Adel.
Elu en 2005, Mahmoud Ahmadinejad avait fait campagne en promettant de faire bénéficier chaque famille des revenus du pétrole, d’éradiquer la pauvreté et s’attaquer au chômage. Mais il est de plus en plus critiqué pour son absence de résultats dans ces domaines. « Nous ne vous demandons pas de mettre l’argent du pétrole sur notre table (…) simplement de rétablir immédiatement le gaz de chauffage », lançait la semaine dernière un député Valiollah Raeyat en séance.
L’Iran possède la deuxième plus grande réserve de gaz naturel au monde mais son réseau d’approvisionnement est surchargé par la forte demande. Réformateurs comme conservateurs interpellent de plus en plus vigoureusement le président pour savoir comment des Iraniens peuvent mourir de froid alors qu’ils sont assis sur d’immenses réserves de gaz.
Plusieurs centimètres de neige sont tombés dans le nord et le centre de l’Iran début janvier, les plus forces chutes de neige en plus d’une décennie. Dans une dizaine de villes, les habitants ont souffert du froid en raison de coupures de gaz liées à la montée de la demande et une baisse des exportations en provenance du Turkménistan.
L’ancien président Hashemi Rafsandjani a dénoncé la semaine dernière une mauvaise gestion des ressources et le responsable de l’inspection de l’organisation de l’Etat Mohammad Niazi a jugé lundi que le gouvernement d’Ahmadinejad avait ignoré les mises en garde et les conseils pour mettre de côté des réserves de gaz pour les situations d’urgence.
« Un peu plus tôt, nous avions averti les responsables exécutifs qu’il fallait économiser le carburant mais malheureusement nos mises en garde n’ont pas été écoutées », a-t-il dit. « Il n’y a pas de stratégie pour l’approvisionnement en gaz dans ce pays ». AP