AFP, Téhéran, 27 février – Un haut responsable iranien, proche du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a violemment critiqué la politique étrangère du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, en affirmant que l’Iran devait chercher à s’entendre avec le reste du monde au lieu de l’affronter.
«Nous avons besoin d’une politique étrangère positive, c’est-à-dire prononcer des paroles qui suscitent l’approbation. Est-ce-que la politique étrangère signifie dire des grossièretés et fanfaronner ?», a demandé Hassan Rohani dans une claire allusion à de récents propos du président.
«Cela n’est pas de la politique étrangère. Il faut choisir un comportement accommodant pour faire baisser les menaces et assurer les intérêts» du pays, a-t-il déclaré lors d’une conférence organisée par le Centre des recherches stratégiques sur la politique étrangère de l’Iran dans la perspective des 20 prochaines années.
Hassan Rohani, un proche de l’ancien président Akbar Hachemi Rafsandjani, est actuellement l’un des deux représentants du guide suprême, l’ayatollah Khamenei, au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale.
Il a lancé ces deux dernières années plusieurs attaques virulentes contre le président Ahmadinejad, critiquant notamment sa politique de confrontation avec l’Occident dans le dossier nucléaire.
La déclaration de Hassan Rohani intervient au lendemain de celle de l’ayatollah Khamenei, qui a apporté un soutien remarqué au président Ahmadinejad en saluant «le rôle personnel du président et sa résistance qui sont très évidents dans le progrès sur le dossier nucléaire».
M. Ahmadinejad a toujours tenu un discours intransigeant sur ce dossier, allant jusqu’à qualifier de «bouts de papiers» sans conséquences les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies contre l’Iran.
Il a aussi choqué la communauté internationale par ses diatribes contre Israël, qualifié la semaine dernière de «sale microbe» et d’«animal sauvage», alors que l’État hébreu ne cesse de mettre en garde contre les dangers d’un Iran nucléaire.
Responsable du dossier nucléaire sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami, qui a cédé le pouvoir à Ahmadinejad en 2005, Hassan Rohani a mené une politique conciliante avec les Occidentaux notamment en suspendant le programme d’enrichissement d’uranium.
Dans son discours, il a précisé que l’Iran devait agir sur la scène internationale de manière à ce que «le monde comprenne que nous sommes prêts à plus de souplesse et plus de dialogue».
Il a critiqué la gestion du président Ahmadinejad en affirmant que «l’expérience des deux à trois dernières années (la période Ahmadinejad, ndlr) n’est pas très jolie».
«Si la communauté internationale estime qu’un pays veut jouer les troublions et éliminer les autres, elle ne le laisse pas faire et lui fait face», a ajouté M. Rohani, qui a demandé que l’on compare l’attitude de l’Iran à celle des autres pays de la région.
«Quelqu’un peut respecter une autre personne parce que cette dernière a un couteau entre les mains, mais cela est très différent du respect qu’on a pour quelqu’un à cause de sa science, son éthique et son savoir», a ajouté M. Rohani.
«Les États-Unis et certains pays occidentaux sont nos ennemis (…) mais même le prophète signait des accords de paix avec les infidèles», a-t-il ajouté.
Citant l’exemple de la Chine, il a affirmé que l’Iran devait opter pour une politique de «développement» sur le plan économique, industrielle et technologique, mais qu’une telle politique ne pouvait réussir si elle s’accompagnait d’«une politique de confrontation» avec le reste du monde.