The Associated Press, 17 mars – La société suisse de négoce d’électricité et de gaz « Electricité de Laufenburg » (EGL) a conclu lundi avec l’Iran un important contrat d’approvisionnement en gaz naturel. Les Etats-Unis ont critiqué cette opération, estimant qu’elle « envoie le mauvais message ».
La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a assisté à la signature de l’accord. Elle a aussi rencontré son homologue iranien Manoucher Mottaki et a rendu une brève visite de courtoisie au président Mahmoud Ahmadinejad.
Le contrat entre l’EGL et la société nationale iranienne d’exportation de gaz est d’une durée de 25 ans, a annoncé lundi la société suisse filiale d’Axpo-Holding. Une première livraison de gaz pourrait avoir lieu dès 2009. D’autres devraient suivre dès 2012 et la mise en exploitation prévue de l’oléoduc Trans-Adriatic. Ce dernier doit relier la Grèce à l’Italie via l’Albanie, ce qui ouvrira une quatrième artère gazière vers l’Europe occidentale.
L’accord prévoit dans un deuxième temps des livraisons atteignant 5,5 milliards de mètres cubes de gaz. Micheline Calmy-Rey a rappelé l’intérêt stratégique de la Suisse à diversifier ses voies d’approvisionnement. L’accord conclu est compatible avec les sanctions décrétées contre l’Iran par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-elle affirmé.
Mais selon la porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Berne, Lisbeth Keefe, Washington a dit à la Suisse que « les nouveaux contrats pétroliers et gaziers importants envoient précisément le mauvais message au moment où l’Iran continue de défier les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant qu’il suspende ses activités liées à l’enrichissement d’uranium et au retraitement ».
Mme Keefe a ajouté que le gouvernement américain vérifiait si l’accord enfreignait la résolution sur les sanctions frappant l’Iran. « Nous croyons que de toute façon l’accord viole l’esprit des sanctions. Nous sommes déçus et nous continuerons nos discussions avec les Suisses sur le besoin de maintenir la pression sur l’Iran afin qu’il respecte ses obligations internationales », a dit la diplomate.
Avant la signature du contrat, Micheline Calmy-Rey avait rencontré son homologue iranien Manoucher Mottaki, concluant la poursuite du dialogue sur les droits humains. Le programme nucléaire iranien a aussi été abordé. La Suisse défend une solution diplomatique et se dit prête à s’engager en ce sens, a précisé Lars Knuchel, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Mme Calmy-Rey a par ailleurs rappelé que la rhétorique mettant en cause le droit à l’existence d’Israël est inadmissible pour la Suisse. Une brève visite de courtoisie au président iranien Mahmoud Ahmadinejad figurait aussi au programme. AP