AFP, 7 décembre 2008 – Le président ultraconservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad a affronté en 2008 un climat de fronde contre sa politique, jugée responsable de la dégradation de la situation économique, qui a fait passer au second plan la crise sur le dossier nucléaire.
La remise en jeu de son mandat présidentiel prévue pour juin 2009 a exacerbé les divisions chez les conservateurs.
Ces derniers ont conforté leur emprise sur le "majlis" (le Parlement) aux législatives de mars 2008, mais sous la bannière de deux listes concurrentes, et c’est un rival politique du président, Ali Larijani, qui a pris la tête du Parlement.
Face à une grogne croissante contre les effets inflationnistes de sa politique de dépenses publiques, M. Ahmadinejad a resserré les rangs de son gouvernement.
A l’économie, il a obtenu le départ en avril du ministre Davoud Danesh-Jafari puis, en septembre, du président de la Banque centrale Tahmasb Mazaheri qui défendaient une plus grande rigueur budgétaire.
L’inflation, qui naviguait autour de 10% par an à son arrivée au pouvoir en août 2005, atteignait près de 30% à l’automne 2008.
M. Ahmadinejad a aussi poussé dehors en mai le ministre de l’Intérieur, Mostafa Pour-Mohammadi. Ce conservateur a expliqué ensuite que le président ne "supporte pas la critique".
Mais le nouveau Parlement lui a donné du fil à retordre pour remplacer le ministre qui sera chargé de superviser la présidentielle.
Ali Kordan, agréé par le majlis en août, a plié bagage en octobre avec une motion de défiance motivée par son mensonge sur l’obtention d’un diplôme qui s’est avéré un faux.
Son successeur Sadegh Mahsouli, un fidèle du président, a passé l’épreuve sur le fil, avec une courte majorité d’une demi-voix illustrant les tensions agitant le bloc conservateur.
Au sein du bloc et parmi les concurrents potentiels de M. Ahmadinejad pour la présidentielle se trouve notamment le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Qalibaf.
Le seul candidat déclaré à ce jour est le réformateur Mehdi Karoubi, alors que l’ex-président Mohammad Khatami (réformateur) fait durer le suspense.
En position d’arbitre, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a exprimé par avance son soutien aux éventuels candidats conservateurs, tout en engageant M. Ahmadinejad à travailler comme s’il devait servir pour quatre années supplémentaires.
L’économie reste le talon d’Achille du président. Notamment avec la chute vertigineuse des cours du pétrole, tombés de près de 150 dollars le baril cet été, à moins de 50 ces derniers jours. Les exportations pétrolières assurent plus de la moitié des recettes de l’Etat.
Les critiques envers M. Ahmadinejad portent aussi sur la virulence de ses déclarations en politique étrangère. Il a poursuivi de son ire l’Etat d’Israël, voué selon lui à "disparaître", et multiplié les diatribes contre les Etats-Unis. Il a aussi annoncé la fin du capitalisme, à la faveur de la crise financière mondiale.
Mais il a également félicité le démocrate Barack Obama pour son élection à la présidence américaine, une première depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en 1980.
La victoire d’un candidat se disant prêt à engager un dialogue sans condition avec l’Iran, que rejetait George W. Bush, est considérée de bon augure par Téhéran.
Mais M. Obama a rappelé que ce dialogue conservait pour objectif principal la suspension par l’Iran de son programme nucléaire controversé, rejetée obstinément par Téhéran. Un refus qui a motivé l’adoption en 2008 par le Conseil de sécurité de l’ONU de deux nouvelles résolutions, dont l’une accentuant les sanctions contre Téhéran.
Parallèlement, l’Iran a agrandi ses installations d’enrichissement d’uranium, de presque 3.000 centrifugeuses à plus de 5.000 dans l’année écoulée.
Téhéran a toujours maintenu que son programme nucléaire avait un objectif exclusivement civil. Mais ses progrès en la matière ont poussé des responsables d’Israël, son ennemi juré, à ne pas exclure une option militaire pour y mettre un terme.