TEHERAN, 1er mars (AFP) – L’Iran est déterminé à reprendre l’enrichissement d’uranium afin de produire son propre combustible pour vingt centrales nucléaires, a déclaré mardi le ministre iranien des Affaires étrangères, Kamal Kharazi, cité par l’agence estudiantine Isna.
Le chef de la diplomatie iranienne a par ailleurs estimé que les dirigeants américains étaient « assez intelligents » pour ne pas attaquer l’Iran afin de l’empêcher de se doter de la bombe atomique, comme ils l’accusent de vouloir le faire.
« L’axe principal de nos discussions avec les pays européens consiste dans la reconnaissance de notre droit légitime à maîtriser la technologie nucléaire, notamment la production du combustible (…) pour 20 centrales nucléaires de 1.000 mégawatts », a déclaré M. Kharazi en marge d’une conférence intitulée « Golfe Persique, sécurité et coopération ».
M. Kharazi n’a pas précisé d’échéance.
Mais ses propos répondent directement à ceux tenus la veille par le chef de l’Agence fédérale russe de l’Energie atomique Alexandre Roumiantsev. Celui-ci a déclaré à l’adresse de l’Iran qu’il serait « ruineux » pour lui de développer son propre cycle de production de combustible pour moins de huit ou dix réacteurs de 1.000 mégawatts chacun.
Le programme nucléaire iranien prévoit la construction de sept centrales au total d’ici à 2020.
Mais le vice-président de l’organisation iranienne de l’énergie atomique Mohammad Saïdi a fait état le 13 février de la préparation d’un plan pour porter à 20.000 mégawatts la capacité de production d’électricité nucléaire.
L’enrichissement d’uranium et le risque d’un détournement de technologie pour construire la bombe atomique sont une préoccupation majeure de la communauté internationale face aux activités nucléaires iraniennes.
L’Union européenne, par l’intermédiaire de l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, négocie actuellement avec la République islamique pour la convaincre de donner des « garanties objectives » de la nature purement civile de ses activités, et notamment de renoncer à l’enrichissement, en échange d’une coopération nucléaire, technologique, commerciale et d’un dialogue politique et de sécurité.
« Nous maîtrisons la technologie (de l’enrichissement), les pays européens savent qu’ils ne peuvent pas employer le langage de la force », a déclaré M. Kharazi.
Les négociations en cours visent à trouver « une formule pour que l’Iran puisse continuer à enrichir et, en coopération avec l’Agence (internationale de l’énergie atomique), donne les garanties qu’il ne se dirige pas vers la fabrication de l’arme atomique », a-t-il dit.
Face à la menace d’une action militaire américaine, il a déclaré: « Je pense que les dirigeants américains sont assez intelligents, qu’ils ont retenu la leçon irakienne et qu’ils ne s’attaqueront pas à un autre pays, surtout quand il s’agit de l’Iran, qui n’est pas l’Irak, comme M. Bush l’a dit lui-même ».