Reuters: Le régime clérical chiite au pouvoir en Iran est menacé par une perte de légitimité en raison des "mesures répressives" qu’il met en place, affirme le site internet de Mirhossein Moussavi, chef de file de l’opposition iranienne.
Malgré la répression qui a largement étouffé les protestations suivant la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, Moussavi continue de dénoncer le gouvernement en place qu’il qualifie de "culte qui n’a aucun respect pour les intérêts nationaux de l’Iran".
Le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a critiqué jeudi les responsables de l’opposition pour leur refus de "s’incliner devant la loi", estimant qu’ils ont perdu "le privilège de faire partie du système".
Les partisans d’une ligne dure ont accusé les réformateurs d’incitation aux troubles et les ont qualifiés d’ennemis de Dieu, un crime passible de peine de mort selon la loi islamique en vigueur en Iran.
Pour Moussavi, la répression sécuritaire se retournera contre le régime.
"Des millions d’Iraniens sont confrontés à la censure, à l’obstruction de leurs libertés et à des mesures de répression (…) De telles mesures nous éloignent de l’adoption de solutions logiques", indique Moussavi sur son site internet Kalemeh.
"Si le problème n’est pas résolu logiquement, cela risque d’accélérer l’effondrement de la légitimité du système".
Selon Moussavi, le gouvernement est "incompétent" pour diriger le pays.
"Le pays, confronté à une politique étrangère hasardeuse et belliqueuse et une politique économique désastreuse, (…) veut du changement", dit-il.
En annonçant mi-février qu’il entreprenait d’enrichir de l’uranium à 20% afin de produire du combustible nucléaire, l’Iran a renforcé les soupçons des pays occidentaux qui l’accusent de vouloir se doter de l’arme atomique.
Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne envisagent de faire adopter une nouvelle série de sanctions au conseil de sécurité de l’Onu.
POSITION FERME
Les élections contestées de juin dernier ont plongé la République islamique dans la plus grande crise interne depuis 30 ans.
Selon Moussavi, le pays est en "crise".
"Le gouvernement voit-il comme une solution le fait d’intimider le pays ?", s’interroge-t-il.
"Garantir la liberté, des élections pluralistes et honnêtes sont les points clefs pour résoudre la situation".
Malgré la pression exercée sur ses responsables, le mouvement réformateur est encore vivant, selon lui.
"Nous utiliserons tous les moyens légaux, y compris les rassemblements légitimes et pacifiques dans les rues". "Nous restons fermes sur nos positions", ajoute-t-il.
Depuis juin, des milliers de manifestants et de réformateurs ont été arrêtés. La plupart ont été libérés mais des douzaines
purgent des peines allant jusqu’à 16 ans de prison. Deux condamnés à mort ont été pendus et neuf autres au moins font appel de leur condamnation à la peine capitale.
Moussavi a affirmé que le grand rassemblement organisé le 11 février pour marquer l’anniversaire de la Révolution islamique de 1979 avait été manipulé.
Khamenei a salué les "dizaines de millions" d’iraniens qui ont participé à cette manifestation en estimant qu’il s’agissait d’une "gifle pour nos ennemis".
"Il n’y a aucune fierté à tenir ce genre de rassemblement. Il s’agit des mêmes méthodes despotiques que celles utilisées par le shah avant la révolution", a déclaré Moussavi.
"Vous ne pouvez pas amener des personnes en bus au rassemblement et après être heureux et dire que tout est sous contrôle", indique-t-il.
Parisa Hafezi, version française Marine Pennetier