JDD, 29 novembre – De nombreuses révélations issues des centaines de milliers de documents publiés dimanche soir par WikiLeaks concerne l’Iran. Le régime en place à Téhéran apparaît, aux yeux des Américains, comme une énigme. Des télégrammes diplomatiques révèlent également que la France est particulièrement sévère à l’encontre de l’Iran et que l’Elysée se veut « la pointe du glaive » contre un régime « fasciste ». Des propos démentis par le porte-parole du quai d’Orsay lundi.
Les Etats-Unis ayant rompu leurs relations diplomatiques avec l’Iran en 1980, après la prise d’otages de l’ambassade américaine de Téhéran, Washington ne dispose pas de réseau officiel sur place. Pourtant, quand WikiLeaks a mis en ligne, dimanche soir, des centaines de documents diplomatiques américains, de nombreuses notes concernaient le régime de Téhéran. Leurs sources? Un réseau d’espions, les « Iran watchers », qui envoie des centaines d’informations chaque mois à Washington.
Selon les synthèses des documents de WikiLeaks réalisées par cinq rédactions, dont celle du Monde, le régime iranien semble très complexe, opaque, voire énigmatique pour les Américains. En septembre 2009, un télégramme décrit ainsi « une dictature totale reposant sur une base triangulaire composée par l’élite religieuse, les bazaaris (marchands) et les paramilitaires (Gardiens de la révolution et milices bassidji) ». A l’époque, les remous politiques en Iran semblent à leur apogée, après la réélection contestée, en juin, du président Mahmoud Ahmadinejad.
Le Guide suprême Ali Khamenei « ne prend aucune décision sans consulter son fils, Mojtabah », note le compte-rendu alors qu’un autre câble affirme que le chef de la révolution iranienne serait « en phase terminale d’une leucémie ». Cette dernière information est finalement contredite par un représentant du Mossad, les services secrets israéliens, quelques mois plus tard.
Un régime « fasciste » selon l’Elysée
Plus récemment, un document affirme que l’Iran a acheté des ogives longue portée à la Corée du Nord; des missiles qui pourraient atteindre l’Est de l’Europe. Ces informations ont sans doute motivé le projet de bouclier antimissile que les Etats-Unis veulent mettre en place en Europe dans le cadre de l’Otan. La France n’est d’ailleurs pas restée insensible face à cette supposée « menace » iranienne. Un autre rapport publié dimanche soir par WikiLeaks relate ainsi une rencontre entre Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, et des émissaires du département d’Etat.
« Des responsables français de haut rang ont suggéré que la ligne dure de Sarkozy pouvait se révéler utile en tant que ‘pointe du glaive’ pour faire face au défi iranien », relève le mémo, avant de citer directement entre Jean-David Levitte: le régime iranien est « fasciste », commente-t-il en septembre 2009. Des propos démentis par Bernard Valero, le porte-parole du quai d’Orsay lundi.
Paris a « une croyance ferme en la non-prolifération » afin de « préserver la dissuasion nucléaire de la France », relatent encore les diplomates américains. Ils évoquent enfin l’implication de Nicolas Sarkozy dans le dossier, qui a « une préoccupation réelle s’agissant de la menace pour Israël » et « une colère personnelle liée à la façon dont l’Iran a essayé de manipuler la France, y compris en détenant la Française Clotilde Reiss « .