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La « flèche » cesse de filer et l’Iran tourne une page d’histoire automobile

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AFP, Téhéran, 27 avril – Les Rover ne sont pas les seules voitures britanniques menacées de disparaître. La Hillman Hunter cessera bientôt de sortir des usines pour encombrer et polluer les rues iraniennes sous l’appellation surfaite de Paykan, « la flèche ».
Avec la fin prochaine de la production de la Paykan, ce ne sont pas seulement quarante ans de pétaradante épopée industrielle qui s’achèvent.
« La Paykan fait partie de notre identité. Elle vous emmène dans tous les villages, sur toutes les routes. Elle ne vous laisse jamais tomber. Les gens y sont très attachés », dit à l’AFP Manouchehr Manteghi, le PDG d’Iran Khodro, qui construit la petite voiture.
La Paykan est aussi emblématique de l’Iran, sinon plus, que la Trabant l’était de la République démocratique allemande. C’est à son bord, quand le montage a commencé en 1967 après un accord avec la compagnie britannique Talbot, que maints Iraniens de la classe moyenne se sont grisés de voyage.
C’est dans le même habitacle étroit et carré qu’ils s’entassent aujourd’hui pour aller au travail dans des taxis fumants et tous semblables, dont les conducteurs s’évertuent à éviter les collisions les uns avec les autres.
Mais les usagers de la route réclament aujourd’hui plus de confort, l’air conditionné, des freins qui fonctionnent et un réservoir moins gourmand. Et les autorités veulent moins de pollution.
Avec ses 4 cylindres, la Paykan consomme 17 litres au 100 km, autant qu’une Lamborghini de 12 cylindres.
Iran Khodro, premier constructeur automobile du Proche-Orient et première entreprise du pays avec plus de 18.000 employés, entend se défaire de l’image de constructeur de Paykan.
« Iran Khodro a toujours été injustement jugé comme le fabriquant de la Paykan. D’où l’avantage de stopper la production et de se débarrasser des stéréotypes », explique M. Manteghi, qui a lui-même conduit pendant plus de 12 ans l’avatar de la Hillman.
En 1979, Iran Khodro avait obtenu les droits de production du véhicule, mais n’a guère pu diversifier ses modèles à cause de huit années de guerre avec l’Irak et de la tourmente révolutionnaire.
Ces dernières années, Iran Khodro a commencé l’assemblage de modèles plus récents comme les Peugeot 405 et 206. Désormais, les Paykan représentent un tiers des 6,5 millions de voitures sur les routes du pays.
Depuis peu, les Iraniens peuvent même rouler en Mazda, Toyota, Hyundai et les plus fortunés en BMW et Mercedes.
Les dernières Paykan doivent être assemblées dans les prochains jours dans l’usine Iran Khodro, dans l’ouest de Téhéran.
« Toutes les voitures, notamment la Paykan, qui ne répondent pas aux normes environnementales doivent cesser d’être produites », dit Yousseh Hojat, responsable de l’environnement d’Iran Khodro.
Le retrait par les autorités des véhicules anciens déjà en circulation devrait accélérer la disparition de la Paykan.
Pour la remplacer, une joint-venture a été créée entre Iran Khodro, Saïpa (second constructeur iranien) et Renault pour produire à terme 300.000 Logan.
Cela ne se fera pas sans un pincement de coeur, même si la Paykan n’est pas bon marché: 61 millions de rials (6.853 dollars), soit 30 mois de salaire d’un fonctionnaire moyen.
« J’ai hérité ce travail de mon père. Il va me manquer », se lamente Mahmoud Kaheh, un ouvrier d’Iran Khodro.
« Nous sommes tous redevables à la Paykan. Nous avons tous pris le volant d’une Paykan après avoir eu le permis de conduire », explique un technicien, Amir-Shahab Yarian.
Mais la Paykan a la vie dure. « Les vieux modèles, parce qu’ils ont plus de pièces étrangères, sont plus solides et ont besoin de moins de maintenance », affirme un jeune de 27 ans au volant. « Tous les jours des gens me demandent si je veux la vendre ».
Selon le constructeur, les pièces détachées seront produites pendant encore dix ans.
« Cela devrait prendre entre sept et dix ans pour que la Paykan devienne une pièce rare sur les routes iraniennes », présage M. Manteghi.

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