Le Monde, 12 mai – L’Iran a décidé de reprendre une « partie notable » de ses activités de conversion d’uranium, qui étaient suspendues depuis novembre 2004 à la demande des Européens, a déclaré jeudi 12 mai Gholam Reza Aghazadeh, vice-président et chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), à la télévision d’Etat. Cette déclaration ajoute à la crédibilité des informations qui circulaient ces dernières heures sur la reprise des activités nucléaires iraniennes. M. Aghazadeh a ajouté que « la date exacte de la reprise sera annoncée de manière imminente ».
L’enrichissement d’uranium est un processus de purification qui peut servir soit à la production d’énergie soit à la mise au point d’armes atomiques. Washington accuse l’Iran de privilégier la deuxième option, sous couvert d’activités nucléaires civiles, ce que Téhéran dément catégoriquement.
L’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ne devrait pas vraiment être surprise par l’annonce de Téhéran. Selon un diplomate occidental en poste à Vienne – où siège l’agence onusienne -, « l’Agence s’attend à recevoir une lettre de l’Iran, probablement jeudi, annonçant officiellement la reprise de certaines activités suspendues ».
« LES EUROPÉENS DEVRAIENT ÊTRE SÉRIEUX »
L’effet le plus direct de l’annonce iranienne devrait être l’abandon des négociations en cours entre l’Iran et la « troïka » de l’Union européenne (France, Allemagne et Grande-Bretagne). Celles-ci visaient à persuader Téhéran de renoncer à son programme d’enrichissement d’uranium en échange de mesures d’incitation économiques et politiques. Une deuxième étape pourrait être le transfert du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU, une mesure préconisée de longue date par Washington.
Pour ce faire, le conseil des gouverneurs de l’AIEA, qui compte 35 pays, pourrait convoquer une réunion d’urgence ou attendre la prochaine session, prévue le 13 juin, pour procéder à un vote sur la saisine du Conseil de sécurité. Selon des diplomates, une majorité de pays devrait se prononcer pour le recours au Conseil de sécurité. Toutefois, certains pays, comme l’Afrique du Sud, ont laissé entendre qu’ils s’y opposeraient, arguant que l’Iran n’a pas violé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP).
Entre-temps, les Européens devraient tenter une dernière fois de faire revenir les Iraniens sur leur décision. Mais les relations entre les deux parties sont crispées. A Téhéran, Ali Aghamohammadi, le chef du bureau de propagande du Conseil suprême de sécurité nationale, a fait part, mercredi, de son mécontentement vis-à-vis des Européens. « Dans leurs négociations avec l’Iran, les Européens devraient être sérieux. L’une des conditions pour poursuivre les pourparlers était de voir des progrès. Nous n’avons pas réussi », a dit M. Aghazadeh.
AFP et Reuters