L’Union européenne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont « extrêmement » inquiets après que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a détecté des « particules d’uranium naturel » dans un « lieu non déclaré en Iran ». « L’Agence a détecté des particules d’uranium naturel d’origine anthropogénique », c’est-à-dire due à des activités humaines, « dans un lieu en Iran non déclaré à l’Agence », peut-on lire dans ce rapport interne destiné aux États membres, consulté lundi par l’Agence France-Presse à Vienne.
L’AIEA ne nomme pas ce site. Des sources diplomatiques ont auparavant dit à l’Agence France-Presse que le gendarme du nucléaire avait posé des questions à Téhéran concernant un lieu signalé par Israël, qui y soupçonnait des activités nucléaires. Une source a aussi révélé que l’AIEA avait prélevé des échantillons sur ce site du district de Turquzabad, à Téhéran, au printemps.
Téhéran se désengage progressivement de l’accord
Selon un diplomate travaillant dans la capitale autrichienne, le rythme de production d’uranium en Iran a considérablement augmenté pour atteindre plus de 100 kg par mois. Il pourrait encore s’accélérer dans les mois à venir. Le rapport confirme cette intensification des activités, le stock d’uranium faiblement enrichi atteignant désormais l’équivalent de 551 kilogrammes. L’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 n’autorise pas Téhéran à enrichir plus de 300 kilogrammes.
L’Iran enrichit de l’uranium à Fordo
Réunis lundi à Paris, les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères et la haute représentante de l’UE Federica Mogherini se sont dits « extrêmement préoccupés » par cette situation. Dans un communiqué commun, ils « exhortent l’Iran à revenir sur toutes les mesures contraires » au traité.
Selon les inspecteurs de l’AIEA, la République islamique est en train d’enrichir de l’uranium dans ses installations souterraines de Fordo, ce qui constitue une nouvelle violation de ses engagements. C’est le président iranien Hassan Rohani qui avait annoncé la semaine dernière la reprise de l’enrichissement à Fordo. Il s’agit de la quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens, mis en place en mai en riposte aux sanctions américaines.
« Des conséquences potentiellement graves »
Ces activités à Fordo ont « des conséquences potentiellement graves en matière de prolifération », ont estimé les ministres européens, pour lesquels « il est désormais essentiel que l’Iran respecte ses engagements et travaille avec tous les participants au JCPoA [l’accord sur le nucléaire], afin de permettre une désescalade des tensions » au Moyen-Orient.
« Nous voulons le préserver [l’accord], mais l’Iran devra retourner à ses obligations et les respecter, sinon nous nous réservons le droit d’user de tous les mécanismes inclus dans l’accord », avait déjà averti le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas plus tôt dans la journée à Bruxelles. Le texte comprend un dispositif long à appliquer mais pouvant mener jusqu’à un vote au Conseil de sécurité de l’ONU mettant un terme à l’allègement de sanctions visant l’Iran.