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Vers un Munich nucléaire

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Le Figaro : 29 septembre – Le régime de Téhéran est suspecté de fabriquer une bombe atomique.

PAR AMIR JAHANCHAHI*

Ainsi l’impensable hier – un régime islamiste ayant « l’audace » de fabriquer sa bombe est devenu un simple sujet de négociation entre le monde libre et le régime qui occupe mon pays… ?

La diplomatie franco-germano-anglaise semble retarder,sans doute de bonne foi, l’échéance de vérité sûr les intentions et la capacité du régime islamiste à se doter de l’arme nucléaire. L’administration américaine, enlisée dans l’aventure irakienne, concentre – on pourrait dire : monopolise – son combat contre le terrorisme islamiste en Irak alors que, non loin, le régime islamiste qui occupe mon pays avance chaque jour un peu plus vers la maîtrise de la chaîne nucléaire. Ce régime parviendra bientôt, si nous ne faisons rien, à atteindre son objectif ultime : la fabrication de la bombe atomique.

L’heure, on le voit, n’est plus à se demander si ce régime a l’intention de fabriquer la bombe. La vraie question est : quand l’aura-t-il ? Et comment peut-on faire pour empêcher l’irréparable ? Cela ne fait aucun doute : ce régime, s’il n’en est pas empêché, aura sa bombe. Et elle ne sera pas une arme de dissuasion, mais une arme d’attaque. Les gouvernements occidentaux en conviennent, à voix basse. Les experts en la matière sont formels. Cette bombe existera dans trois ans, si nous ne faisons rien.

La révolution de 1979 a donné à l’idéologie islamiste, jusque-là exploitée par de petits groupuscules égyptiens et autres, un accès à l’appareil d’Etat d’un pays puissant et riche. Il s’est mis à la disposition de l’expansion de l’idéologie islamiste, mais il lui manquait l’arme de la conquête, l’arme de
Puissance (l’arme nucléaire). Sa mise en chantier a été retardée par la guerre irako-iranienne, mais, aujourd’hui, le régime a les mains libres pour accéder à la force nucléaire, clé de sa survie. Ce régime ne peut exister – contrairement à l’opinion de la plupart des dirigeants du monde libre – que par la procréation de son modèle,par la conquête d’autres territoires musulmans en exportant son idéologie, voilà à quoi est destinée la bombe atomique du régime iranien.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Avant le 11 septembre, le régime islamiste iranien était moribond. Isolé au plan international. Affaibli à l’intérieur par la montée en puissance de ses réformateurs et fragilisé à l’extérieur par la concurrence farouche des talibans et de Ben Laden qui commençaient à faire de l’ombre à ces mollahs à bout de souffle. Le 11 septembre fut donc,pour eux, une divine aubaine. Non pas le fruit d’un complot, ou un acte fomenté par eux, mais pire. L’après 11 septembre fut ainsi habilement manipulé par les dirigeants de ce régime, afin de préparer l’environnement adéquat, nécessaire à la fabrication de leur bombe atomique, sans que le monde libre ait les moyens de les en empêcher. En effet, le régime islamiste de Téhéran à bien profité, et lui exclusivement, de toutes les conséquences de cette déflagration. Il y eut d’abord le passage dans la clandestinité de ses deux principaux compétiteurs dans la conquête des masses déshéritées : les talibans chassés du pouvoir et Ben Laden traqué à travers la planète.

Ensuite, les islamistes iraniens eurent le plaisir de voir renverser l’ennemi héréditaire, Saddam Hussein,ce régime baasisté honni. N’avaient-ils pas, parmi les Irakiens, un homme bien placé, M. Chalabi, qui distilla tant de fausses informations, notamment sur l’existence des armes de destruction massive ? Et puis vinrent d’autres conséquences de ce 11 septembre, tant espérées, par les occupants de mon pays. La dérive des continents, avec cette division durable, mais profonde hélas ! entre l’Europe et l’Amérique. Sans parler de la plus terrible des conséquences du 11 septembre : ce sentiment qu’une partie du monde musulman est en guerre contre le reste du monde, qui fournit au régime islamiste le prétexte idéal pour justifier la fabrication de sa bombe.

Je dis ici, haut et fort, ce que certains chefs d’Etat veulent taire ou en tout cas ne pas voir : le régime qui occupe mon pays, s’il reste en place, aura sa bombe atomique. Cela aboutira inévitablement à une guerre nucléaire dans la région, entre l’Iran et Israël. Argumentant que la bombe pakistanaise n’est pas à proprement parler, une «bombe islamiste» (car elle est supposée contrer l’Inde voisine), les islamistes de Téhéran vont prétexter – comme ils le font déjà – qu’elle est absolument légitime. Qu’il serait injuste qu’il n’en soit pas ainsi, etc. Hélas ! Une telle situation n’est pas une fiction, mais un cauchemar bien réel, dont, jour après jour, le spectre avance vers nous.

A ceux qui disent, comme le président russe, M.Poutine, que nous sommes entrés dans la IIIe guerre mondiale, je dis : des signes avant-coureurs de la IIIe guerre mondiale existent en effet – les attentats, les prises d’otages, la division entre les alliés de toujours. Mais la véritable guerre n’est qu’à notre porte. Elle sera, j’insiste, nucléaire si nous ne faisons rien. Nous pouvons encore l’empêcher, mais à la condition d’avoir le courage d’affronter le problème. Il faut nommer le mal. Il faut désigner le danger. Il faut désarmer les tyrans de Téhéran qui mentent effrontément aux inspecteurs de l’AIEA. Que les démocrates ne s’illusionnent pas. Le régime qui occupe mon pays ne renoncera jamais, et à aucun prix, à la fabrication de l’arme nucléaire. Il temporisera. Il fera le dos rond, puis il sortira ses griffes. Il redeviendra courtois pour mieux tricher… Les mollahs veulent leur bombe, question de survie et de domination dans la région et dans le monde musulman. Imaginez alors une telle arme de destruction planétaire entre les mains de ce régime qui a fabriqué les premiers martyrs, a inventé les kamikazes à la mode d’aujourd’hui, pour qui la vie humaine sur terre n’a aucune valeur et rêve de destruction en masse… Il est clair qu’une telle bombe ne sera jamais une arme de dissuasion ou de défense, mais bien une arme de conquête et d’attaque.

Alors comment faire ? Comment s’y prendre ? En effet, l’Iran n’est pas l’Irak. Les erreurs d’appréciation commises en Irak sont une précédent catastrophique pour l’Amérique, qui n’a ni les moyens, ni l’envie de procéder a une invasion ou à des bombardements ciblés en Iran.

Certains évoquent la possibilité que les Israéliens fassent eux-mêmes le «job». Ils imaginent, un peu naïvement, que comme en 1981, lorsqu’ils bombardèrent la centrale nucléaire irakienne d’Osirak, ils pourraient de la même manière nous débarrasser du danger nucléaire iranien. Ce serait prendre les chefs islamistes de Téhéran pour des naïfs, et leurs techniciens nucléaires pour des enfants de chœur.

D’autres, enfin, la diplomatie européenne croit encore à la vertu des négociations. Elles ont été menées par le trio franco-germano-britanique avec le régime de Téhéran. On a vu le résultat : l’impasse. De plus, les islamistes iraniens ont gagné du temps. Vouloir aujourd’hui négocier avec un régime qui veut absolument avoir sa bombe nucléaire offensive me paraît être aussi angélique que Chamberlain et Daladier hier à Munich face aux «intentions pacifiques» du chancelier Hitler… !

Seul le peuple iranien, appuyé par une opposition structurée a la capacité véritable d’empêcher une catastrophe nucléaire dans la région. Il doit le faire et espère le soutien du monde libre. Il doit, et il peut, renverser le régime à l’échéance de l’élection présidentielle iranienne de juin 2005. Après elle,rien ne sera possible : nous serons alors dans un point de non-retour sur le plan nucléaire…

Ainsi, il faut que le monde libre, ses dirigeants et son opinion publique, tourne vraiment son regard vers Téhéran. Qu’il répercute et soutienne la volonté populaire iranienne d’en finir avec ce régime. Car il est du devoir du peuple iranien de mettre fin à l’expérience islamiste, un quart de siècle après la révolution de 1979, sur le lieu même de sa naissance.

C’est pourquoi j’appelle ici au soutien de l’opinion publique du monde libre et de ses dirigeants, dans le combat du peuple iranien, afin d’éviter demain une guerre qui pourrait mettre en péril, non seulement la région, mais le fondement de notre civilisation. Il est indispensable que les soucis du court
terme n’obstruent pas la vue des dirigeants du monde libre. Il y va de la survie d’une région et de ses peuples, qui contrôlent l’essentiel des ressources énergétiques du monde.

J’exhorte les dirigeants du monde libre à refuser ce Munich nucléaire qui se profile. En prenant le risque d’un compromis déshonorant avec le régime islamiste qui occupe mon pays, vous risquez de jeter à la poubelle de l’histoire la mémoire des millions de morts de la Seconde Guerre mondiale et vous aurez la responsabilité de millions de morts d’une IIIe guerre.

Vous les dirigeants du monde libre avez, individuellement et collectivement, un devoir de courage, afin d’éviter que les erreurs fatales de vos prédécesseurs ne se reproduisent, par manque de vision ou par crainte d’assumer la réalité du danger. Reporter l’échéance de la vérité n’aura, pour effet que
D’augmenter, dans des proportions astronomiques, le coût humain dont vous serez comptables.

* Homme d’affaires et opposant iranien.

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