AFP, Téhéran, 29 août – L’Iran a annoncé lundi une nouvelle avancée dans son programme nucléaire controversé, assurant avoir réussi à extraire un uranium plus pur de ses mines par des moyens biotechnologiques.
Selon un reportage de la télévision d’Etat, les chercheurs de l’Agence iranienne de l’énergie atomique ont mis au point une technique recourant à des bactéries pour purifier le minerai avant son extraction, au terme de six ans de travaux.
« L’utilisation de la biotechnologie abaisse le coût, accroît le rendement et protège l’environnement » au cours du processus d’extraction du « yellowcake », la poudre de minerai d’uranium concentré sortie des mines, a fait valoir la télévision.
Le reportage a cité un chercheur expliquant que les bactéries ont été « utilisées avec succès au stade expérimental » dans les mines du centre du pays.
« Cette bactérie a vraiment de la valeur » et permet de produire le yellowcake « 100 à 200 fois moins cher », a ajouté ce scientifique.
Le yellowcake intervient aux premiers stades du processus de conversion de l’uranium, dont Téhéran assure qu’il n’a qu’un objectif énergétique.
Les Etats-Unis en revanche accusent l’Iran de chercher à se procurer l’arme atomique sous couvert de travaux civils.
Présenté par la télévision comme une « avancée » importante, ce dernier développement risque de renforcer le sentiment chez les accusateurs de l’Iran selon lequel le régime de Téhéran, tout en étant obligé de suspendre certaines de ses activités nucléaires, a continué parallèlement à oeuvrer à grands pas sur d’autres programmes.
Pour produire le yellowcake, le minerai extrait est écrasé puis trempé d’acide. Il sera ensuite transformé en tétrafluorure puis en hexafluorure d’uranium (UF4 et UF6) et ces gaz introduits dans des centrifugeuses pour produire de l’uranium enrichi.
Mais souvent, le minerai est de faible concentration et le processus d’extraction est coûteux et aléatoire. Le recours à une biotechnologie — appelée également bio-leaching, ou filtrage biologique — consiste à introduire des micro-organismes dans le minerai qui vont le nettoyer des éléments indésirables et produire de l’acide sulfurique, propre à dissoudre le minerai et à révéler l’uranium.
Ce processus facilite la production du yellowcake.
La République islamique, qui avait accepté de suspendre ses activités d’enrichissement en octobre 2003, a décidé de reprendre la conversion du yellowcake le 8 août dans son installation d’Ispahan (centre) en réaction aux propositions d’aide de l’Union européenne, notamment technologiques et commerciales, en contrepartie d’un arrêt de son programme nucléaire.
Par ailleurs, la télévision d’Etat a annoncé lundi soir que le président Mahmoud Ahmadinejad avait décidé de reconduire Gholam Reza Aghazadeh à la tête de l’Organisation de l’énergie atomique et en tant qu’un des sept vice-présidents du pays.
Le décret présidentiel appelle M. Aghazadeh à « recourir aux scientifiques, aux spécialistes et aux forces jeunes et créatives et à traduire concrètement les quatre principes de (son) gouvernement qui sont justice, bonté, service du peuple et enrichissement ».