Iran Focus
Paris, 23 septembre Des experts français nucléaires de premier plan et des personnalités politiques se sont réunies mardi 20 septembre pour faire entendre leurs préoccupations sur la menace que pose le programme nucléaire iranien. Ils ont discuté des divers moyens de traiter cette crise.
La discussion sest déroulée lors dune conférence organisée à Paris par linstitut de recherches londonien Gulf Intelligence Monitor.
Le panel rassemblait plusieurs anciens ministres et Premiers ministres, ainsi que des spécialistes de latome. Le philosophe français André Glucksmann a estimé quune bombe atomique iranienne représenterait la menace la plus sérieuse à la paix et à la sécurité dans le monde depuis la Guerre Froide.
Bruno Tertrais, directeur détudes à linstitut des relations internationales et stratégiques (IRIS), a déclaré que le dossier nucléaire de Téhéran devait être transféré au Conseil de sécurité de lONU.
Mohammad Mohadessine, une figure de proue du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a affirmé à la conférence que si lIran demeurait sans contrôle, il aurait la bombe dans « deux ou trois ans ». Ses propos ont été écoutés avec attention, car le CNRI de Mohadessine a été le premier à révéler lexistence des installations nucléaires secrètes de lIran en 2002.
Lancien Premier ministre français, Edith Cresson a jugé que la volonté de Téhéran de se doter darmes atomiques doit être vu dans le contexte de la radicalisation croissante de la théocratie. Pour elle, loccident doit faire preuve dunité et de fermeté, avant quil ne soit trop tard. Cresson a rendu hommage à lopposition iranienne pour avoir révélé les secrets nucléaires de lIran et a dit que lOccident devait se tenir aux côtés du peuple iranien qui cherche à changer de régime.
Lancien ministre socialiste et actuel vice-président de la commission des affaires étrangères de lAssemblée nationale François Loncle a noté quil nétait pas suffisant de déférer Téhéran au Conseil de sécurité. Il a appelé à davantage de mesures pour sassurer que le gouvernement iranien devra faire face à des conséquences pour la reprise de ses activités nucléaires.
Ses propos ont été soutenus par Claude Coasguen, député de Paris et figure éminente du parti majoritaire, lUMP. A ses yeux, il est tout à fait nécessaire de soutenir loption politique de manière résolue et créative, y compris en soutenant lopposition iranienne à la tyrannie religieuse. Il ne fait aucun doute que le régime radical islamiste en Iran est aujourdhui la plus grande menace sur la scène mondiale, a-t-il dit.
Frédéric Encel, docteur en géopolitique qui enseigne les relations internationales à l’E.N.A., à l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes et au Collège Interarmées de Défense, sest dit convaincu que les récentes activités et positions de lIran démontraient quil menait un programme atomique non pacifique. Il a mis en garde contre le danger du retrait de lIran du TNP.
Simon Bailey, du Gulf Intelligence monitor, a confié à Iran Focus en marge de la conférence que la complaisance menée par lOccident, en particulier ces deux années de négociations sans résultat entre Téhéran et la troïka européenne a convaincu lIran que finalement la communauté internationale accepterait, même à contrecoeur, quil deviendrait une puissance nucléaire.
« Le leadership iranien compte sur deux choses : lembourbement des Américains en Irak et la montée en flèche du prix du pétrole qui rendent des sanctions économiques contre lIran très improbables », a-t-il ajouté.
Parmi les orateurs ayant appelé à un changement fondamental de politique vis-à-vis de Téhéran, se trouvait Raymond Tanter, un membre fondateur du Comité de politique iranienne, un cabinet dexperts basé à Washington. Lui-même ancien membre du Conseil de sécurité nationale américain, Tanter a dit au séminaire que lIran ne sera jamais à labri des ayatollahs sils se dotent de larme nucléaire, à moins il nopte pour « loption du changement de régime ». Il a mis en avant un plan de « diplomatie coercitive » qui inclut le soutien à lopposition iranienne.
Sid Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre algérien, a appelé à la formation dun front uni pour faire face à la menace nucléaire de Téhéran.
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