Washington Times, 4 octobre – Editorial – Washington Times, 4 octobre – Editorial – Le week-end dernier lInde est allée surprendre jusquaux observateurs les plus vigilants lorsquelle sest alignée sur les Etats-Unis et lUnion européenne en soutenant la résolution en faveur dune saisine de lIran par le Conseil de Sécurité de lONU, si les négociations sur son programme nucléaire navançaient pas. La position de lInde à légard de lIran à lAgence internationale de lénergie atomique est encourageante et significative, montrant que les inquiétudes sur le programme nucléaire iranien ne viennent pas uniquement de Washington et dEurope. Ce geste indique aussi que lamitié naissante entre les USA et lInde est en passe dévoluer.
Il serait toutefois prématuré de conclure que le vote de lInde est à coup sûr un tournant, indiquant que New Delhi soutiendrait en fin de compte le transfert de lIran au Conseil de Sécurité. La résolution de lAIEA nest quune tape diplomatique sur lépaule de Téhéran, puisque le conseil de lAIEA nétudiera quau mois de novembre si le Conseil de Sécurité aura besoin ou non dexaminer le programme iranien.
Téhéran donne à son programme nucléaire une grande priorité et semble prêt à devenir un paria pour le maintenir. Bien que tout accord avec lIran exigerait négociations et manoeuvres diplomatiques, cela demanderait aussi probablement une certaine volonté de sopposer à lIran. Il reste à voir si lInde sera disposée à se joindre à lOccident pour faire aboutir cette pression.
En effet, les autorités américaines ont été forcées à mener un marchandage coriace avec lInde pour gagner son soutien dans le vote du weekend dernier. New Delhi avait démontré quelle navait pas lintention de voter pour une resolution faisant pression sur lIran. Assoiffée dénergie, lInde a toujours cherché à ne pas saliéner lIran dont elle depend pour ses combustibles fossiles. LInde, le Pakistan et lIran sont en cours de pourparlers sur un accord éventuel pour construire un gazoduc de gaz naturel de 7,4 milliards de dollars et de 1600 km, allant de lIran à lEtat indien du Rajasthan, via le Pakistan. De même, lIran et lInde se sont mis daccord en juin pour exporter 5 millions de tonnes métriques de gaz naturel liquide à partir de 2009.
Parallèlement, le gouvernement indien valorise ses liens croissants avec les Etats-Unis
en particulier la proposition de ladministration Bush du 18 juillet visant à collaborer en matiere de technologie nucléaire civile avec lInde, ce qui aiderait aussi le pays a satisfaire ses besoins en énergie. Avec la montée des prix du pétrole, cette offre est particulierement attirante.
Etant donné la rivalité de ces intérêts, lInde tendrait à ne pas prendre de position claire sur le programme iranien. Les autorités américaines ont cependant, à juste titre fait clairement savoir que si les USA venait à collaborer avec lInde en matiere de technologie nucléaire, New Delhi devait sengager à la non prolifération nucléaire pour lIran et sur dautres questions. LInde a clairement recu le message, et a agi en conséquence le week-end dernier.
Les autorités américaines devraient éviter de rendre publique une image triviale de donnant-donnant. Si le gouvernement indien est perçu par ses citoyens comme soumis a ladministration Bush, il pourrait en souffrir politiquement, et ne voterait pas avec les Etats Unis et lUnion européenne en novembre. Les communistes dont le parti indien au pouvoir dépend pour sa majorité, ont publiquement fait savoir quils sopposaient à une confrontation avec lIran à lIAEA.
Malheuresement le représentant démocrate de Californie Tom Lantos, a rendu la tâche plus difficile pour lInde de faire le bon vote la prochaine fois. Nétant pas de ceux à laisser passer loccasion de se faire valoir, M. Lantos sest vanté de la pression quil avait exercée sur le ministre des affaires étrangères indien à propos du programme iranien quand il sest rendu à Washington en septembre, laissant entendre quil avait réussi à lui seul à faire changer lInde de position. « Jai fait clairement savoir que lInde ne pouvait sattendre à ce qu[on »> la satisfasse, alors quelle ignore totalement nos intérêts, et jai fait connaître notre grand mécontentement sur la politique indienne » a dit M. Lantos mercredi. Il a ajouté que sa declaration avait provoqué « un énorme chahut » dans les médias indiens.
Sur ce dernier point, M. Lantos a certainement raison. Le « chahut » dans la presse indienne venait de linquiétude de voir lInde agir comme un valet des Etats-Unis à lAIEA, un sentiment renforcé par les commentaires intéressés et malheureux de M. Lantos. Le gouvernement indien a désormais du mal à prétendre avoir voté pour les mérites du principe de non prolifération, plutôt quà cause de la pression americaine. Les parlementaires américains devraient aussi exalter ces mérites-la, et éviter de se vanter davoir bousculé le ministre des Affaires étrangères indien. Après tout, on a encore besoin du vote indien en novembre.