Lordinateur portable
Par WILLIAM J. BROAD et DAVID E. SANGER
Le New York Times, 12 novembre A la mi-juillet, de hauts responsables des renseignements américains ont convoqué les dirigeants de lagence internationale dinspection atomique en haut dun gratte-ciel surplombant le Danube à Vienne pour leur révéler le contenu de ce quils disaient être un ordinateur portable iranien.
Les Américains ont allumé un écran pour y diffuser une sélection dun millier de pages tirées dun ordinateur iranien sur des simulations et des compte rendus dexpériences, disant que cela montrait les efforts de longues dates pour dessiner les plans dune ogive nucléaire, selon la demie douzaine dEuropéens et dAméricains qui participaient à cette réunion.
Les documents, ont reconnu les Américains dès le début, ne prouvent pas que lIran possède la bombe atomique. Ils les ont présentés comme la preuve la plus tangible, malgré linsistance de lIran sur laspect pacifique de son programme nucléaire, que le pays cherche toujours à développer une ogive compacte pour linstaller sur son missile Chahab, qui peut atteindre Israël et dautres pays du Moyen-Orient.
La réunion dinformation à lintention des responsables de lAgence internationale de lénergie atomique de lONU, avec notamment son directeur Mohammed ElBaradei, entrait secrètement dans le cadre dune campagne américaine visant à accroître la pression internationale sur lIran. Mais tandis que ces renseignements se sont bien vendus dans des pays comme la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne, qui étudient les documents depuis un an, il a été plus difficile de les faire accepter par des pays ne faisant pas partie du cercles des intimes.
Lordinateur contenait des études de structures majeures de tête nucléaire, ont dit des responsables européens et américains ayant examiné les documents, y compris une sphère révélatrice de détonateurs pour déclencher une explosion atomique. Les documents spécifiaient une explosion à 600 mètres au-dessus de la cible – ce qui est considéré comme une altitude de base pour une détonation nucléaire.
Néanmoins, il reste des doutes sur ces renseignements parmi certains analystes étrangers. Cest en partie parce que les autorités américaines, invoquant la nécessité de protéger leur source, ont largement refusé de fournir des détails sur lorigine de lordinateur portable, si ce nest quelles lont obtenu à la mi-2004 dun contact de longue date en Iran. par ailleurs, ce chapitre de la confrontation avec lIran est entaché du souvenir de fausses informations sur les armes non conventionnelles irakiennes. Dans ce climat, bien que peu de pays veuillent croire aux démentis de lIran sur ses armes nucléaires, peu veulent accepter les yeux fermés larme des renseignements américains.
« Je peux fabriquer cette information, a déclaré un diplomate européen de haut rang, en parlant du document. « Ça a lair magnifique, mais cest ouvert au doute ».
Robert G. Joseph, le sous-secrétaire dEtat au contrôle des armes et à la sécurité internationale, qui présidait la réunion de juillet, na pas voulu discuter des documents secrets de cette réunion, mais a reconnu lexistence des renseignements sur logive. Il a dit quil sagissait dun des nombreux indicateurs « qui mènent tous à la conclusion que lIran cherche à se doter de la capacité nucléaire ».
Même si les documents reflètent exactement les avancées de lIran dans les plans dune ogive nucléaire, les experts occidentaux en armement disent que lIran est encore très loin de pouvoir produire le combustible dune bombe radioactive qui formerait le cur dune ogive. Les organes de renseignements américains ont estimé récemment que lIran ne possèdera pas une arme atomique en état de marche avant le début de la prochaine décennie.
Cependant, les analystes nucléaires de lagence atomique internationale ont étudié les documents de lordinateur portable et ont estimé quil sagissait de preuve tangible des progrès iraniens, estiment des diplomates européens. Une dizaine de responsables et dexperts en armes atomiques en Europe et aux Etats-Unis, possédant une connaissance détaillée des informations, ont dit dans des interviews quils pensaient que cela reflétait un effort concerté pour développer une ogive militaire. « Ils ont travaillé sur des problèmes que lon aborde uniquement dans des cas très sérieux, a dit un responsable européen dans le domaine des armes. « Et ça, cest mortellement sérieux.
En fait, certaines nations qui étaient sceptiques sur les renseignements concernant lIrak notamment la France et lAllemagne – sont maintenant profondément préoccupées par ce que laisse présager la découverte de logive militaire, selon plusieurs autorités. Mais ladministration Bush, qui semble comprendre la profondeur de son problème de crédibilité, ne parle que de lordinateur portable et de son contenu dans des réunions secrètes, un peu plus dune dizaine jusquà présent. Et même quand le président Bush défend ses déclarations davant guerre sur les armes non conventionnelle de lIrak, il ne parle jamais en public de ses documents iraniens.
R. Nicholas Burns, le sous-secrétaire dEtat aux affaires politiques, qui a coordonné le problème iranien avec les Européens, a refusé lui aussi de parler de ces renseignements, mais a insisté sur le fait que lapproche de ladministration Bush est « une diplomatie prudente et calme destinée à augmenter la pression internationale sur lIran pour le mener à abandonner ses desseins darmes atomiques et retourner aux négociations avec les pays européens. »
Jusquà présent, il ny a eu quune référence officielle à ce sujet : Il y a un an dans une conversation avec des journalistes, Colin L. Powell, alors secrétaire dEtat, a brièvement évoqué une nouvelle information concernant des missiles en Iran. Depuis lors, des articles dans le Wall Street Journal, le Washington Post et dautres publications ont révélé des détails tirés de ces renseignements, y compris que les USA avaient obtenu des milliers de pages de documents iraniens sur la production dogives.
Dans des interviews, ces dernières semaines, des analystes et des responsables de six pays dEurope et dAsie ont donné une image plus importante de ces réunions dinformations. A leur tour, plusieurs responsables américains ont confirmé ces renseignements. Tous ceux qui se sont exprimés lont fait sous condition danonymat, disant quils sétaient engagés à conserver ces renseignements secrets, bien quils soient le sujet de discussion de toute une série de hautes autorités gouvernementales et de membres du bureau de lAgence internationale de lénergie atomique.
Des autorités disent que les scientifiques de laboratoires darmements américains, ainsi que des analystes étrangers, ont examiné les documents pour y trouver des signes de fraude. Cétait une inquiétude particulière étant donné les faux documents apparus il y a quelques années pour montrer que Saddam Hussein avait voulu se procurer de luranium au Niger. Les autorités ont dit quelles avaient trouvé convaincants les documents sur les ogives, écrits en persan, à cause de leur cohérence et de leur précision technique et parce quils montraient une progression dans le travail de production de 2001 à début 2004.
Au sein du gouvernement américain, « la nature et lhistoire de la source a assuré tout le monde quil sagit de quelque chose de vrai, » a indiqué un haut responsable américain des renseignements informé sur lordinateur portable.
Mais un expert non gouvernemental a fait remarquer que ces informations pouvaient simplement être le fruit du travail dune faction en Iran. « Ce que nous ne savons pas, cest sil sagit dun effort non coordonné dun secteur particulièrement ambitieux dun programme de fusée, ou si, comme le disent certains, un effort progressif pour fabriquer une arme atomique au cours de cette décennie », a dit Joseph Cirincione de la fondation Carnegie pour la paix internationale, qui dit ne pas avoir vu les document secrets.
Les Iraniens eux-mêmes démentent toute connaissance de plan sur des ogives. « Nous sommes sûrs quil nexiste pas ce genre de document en Iran », a dit Ali A. Laridjani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale et négociateur nucléaire en chef du pays, dans une interview à Téhéran. « Je nai aucune idée de ce quils ont ou de ce quils disent avoir. Nous avons juste entendu ce quils avancent. »
Dans le cadre du scepticisme auquel est confronté ladministration Bush, des responsables disent que lambassadeur américain à lagence internationale de lénergie atomique, Gregory L. Schulte, appelait dautres pays à consulter les Français. « Nous étions en désaccord sur lIrak, et nous sommes en accord total sur lIran, affirme un haut fonctionnaire du département dEtat. « Ça mérite lattention. »
Inspecteurs et sites secrets
Pendant des années, les services de renseignements américains ont avancé que lIran dissimulait une série dinstallations nucléaires. Puis en février 2003, des inspecteurs de lAIEA se sont rendus en Iran et ont confirmé des informations sur deux sites secrets en construction qui pouvaient produire de luranium concentré et du plutonium, le combustible des armes nucléaires. A Natanz, dans le centre de lIran, ils ont trouvé des préparatifs pour plus de 50.000 centrifugeuses destinées à purifier de luranium. A Arak, dans louest, ils ont trouvé un site deau lourde en construction et un réacteur destiné à produire du plutonium.
LIran a insisté sur le fait que les sites étaient destinés à mener des recherches pacifiques et produire du combustible nucléaire, et avaient été conservé secrets pour éviter les sanctions américaines sur les ventes de technologie atomique à lIran.
Au fil du temps, une série de révélations sont venue contredire cette explication, même quand les inspecteurs ont fini par découvrir au moins sept sites nucléaires secrets.
En août 2003, de inspecteurs de lAIEA ont découvert des traces duranium concentré au niveau nécessaire pour une bombe, plutôt quau niveau nécessaire à un réacteur générateur dénergie. Une partie de cette uranium était arrivé en Iran sur des équipement nucléaires achetés au Pakistan, mais un diplomate européen a révélé que lorigine de lautre partie restait toujours un mystère.
Puis il y a eu de questions sur ce que lIran avait acquis sur le marché noir atomique de Abdul Ghader Khan, lingénieur nucléaire pakistanais. LIran a reconnu avoir fait des achats auprès du Dr. Khan, mais lampleur de ces acquisitions fait encore lobjet denquête.
A la fin de 2003, de nombreux experts gouvernementaux et non gouvernementaux tombaient daccord pour dire que lIran avançait rapidement. « La plupart des gens, » disait Gary Milhollin, directeur du Projet Wisconsin sur le contrôle des armes nucléaires à Washington, « pensaient quils maîtrisaient les capacités essentielles et quils avaient le potentiel de produire ce dont ils ont besoin pour faire une bombe. »
La diplomatie, cherchant à désamorcer lIran, avance en trébuchant. Téhéran a accepté de suspendre lenrichissement duranium quand il négociait avec loccident sur le sort de son programme atomique, mais quelques mois après il sest mis à produire de lhexafluorure duranium, la matière première pour lenrichissement.
Si lIran a cache une partie de son programme atomique, ils expose sans crainte ses missiles. Et en août 2004, il a mené un test qui a renforcé les doutes comme quoi il travaillait sur des ogives nucléaires.
Téhéran a fait un tir dessai dune version améliorée du Chahab étoile filante en persan sur un vol qui préfigurait la première apparition dune tête conique avancée faite de trois formes distinctes. Les experts en missile ont noté que ces têtes à cône triconiques ont une grande portée, précision et stabilité dans leur vol, mais moins de place pour leur charge. Ensuite, ont dit les experts, ils ont été utiliser pour transporter des armes nucléaires.
LIran insiste quil nest à la recherché que dénergie pacifique, et note que des nations comme le Japon, la Corée du Sud et le Brésil possède des programmes nucléaires civils avancés et des missiles sophistiqués, mais ont été aidés par loccident pour élaborer leur programme plutôt que dêtre accusés de vouloir faire des ogives atomiques.
« Les pays de seconde classe sont autorisés à ne produire que de la sauce tomate », a dit Mr. Laridjani, le négociateur nucléaire de lIran. « Le problème cest que lIran est sorti de sa coquille et essaie davoir une technologie avancée. »
Le contenu du laptop
Les autorités américaines ont dit peu de chose dans leur réunion dinformation sur les origines du laptop, autres que celles reçues à la mi-2004 dune source en Iran obtenue auprès dune tierce personne, dont on pense quelle est morte depuis. Les autorités étrangères qui ont examiné les renseignements pensent que le laptop était utilisé par quelquun qui travaillait dans le programme nucléaire iranien ou qui en a volé des informations. Un expert de haut rang en armement a dit que les documents étaient si volumineux quils semblaient être luvre dune équipe dingénieurs.
Sans révéler lorigine du laptop, les services de renseignements américains ont insisté sur le fait quil ne provenait pas dun groupe de résistance iranien dont les revendications sur le programme nucléaire de lIran ont un passé mitigé en matière dexactitude.
En juillet, alors que ladministration Bush commençait à faire pression sur les Nations Unies pour quelles prennent des mesures punitives contre Téhéran, elle a décidé de briefer le Dr. ElBaradei sur le contenu du laptop. La réunion du 18 juillet au dernier étage de la mission américaine à Vienne a réuni danciens rivaux. Avant la guerre en Irak, le Dr. ElBaradei sétait attiré les foudres de ladministration Bush pour avoir déclaré que son agence navait trouvé aucune preuve que Saddam Hussein avait redémarré son programme nucléaire. Ladministration Bush avait alors tenté dévincer le Dr. ElBadarei, un Égyptien, de son poste, en partie parce quils ne le jugeaient pas suffisamment sévère au sujet de lIran.
Selon de hauts responsables en Europe et aux États-Unis, la réunion a essentiellement mis à jour des simulations informatiques et des études de diverses configurations dogives plutôt que des travaux en laboratoire ou des rapports de vols dessai. Mais un responsable américain a affirmé que les notations trouvées indiquent que les Iraniens ont fait des expériences. « Il ne sagissait pas seulement dexercices théoriques », a-t-il dit.
Dans une interview, le Dr. ElBaradei, qui a obtenu le Prix Nobel de la Paix en octobre, a refusé de parler de la réunion secrète.
Il est difficile dévaluer dans quelle mesure les Iraniens sont passés du projet au produit. « Il est facile de tomber dans le piège de penser que de belles images représentent la réalité », a déclaré un haut responsable des services de renseignements. « Mais il est possible que lon se trompe. »
La principale révélation concernait le travail fait sur un type de détonateurs destinés à déclencher des explosifs classiques qui, à leur tour, compriment le carburant radioactif pour déclencher la réaction en chaîne nucléaire. Les documents expliquaient aussi comment positionner une balle lourde (vraisemblablement de combustible nucléaire) à lintérieur de logive afin dassurer la stabilité et la précision lors de la chute du missile vers la cible. Et une bombe explosant à une hauteur denviron 600 mètres, comme le décrivent les documents, suggère quil sagit dune bombe nucléaire, daprès les experts, puisque cette altitude ne convient pas pour des armes chimiques ou bactériologiques conventionnelles.
Après plus dune année danalyse, la question de lauthenticité de la trouvaille demeure. « Même avec les meilleurs renseignements, vous vous demandez toujours est-ce que ça a été conçu pour que je le voie ? » a déclaré un responsable américain. Plusieurs experts des services de renseignements ont dit quune agence despionnage occidentale chevronnée aurait pu, en théorie, créer le contenu de cet ordinateur portable. Mais les responsables américains ont insisté sur le fait quil ny avait aucune preuve dune telle fraude.
Gary Samore, responsable de la non-prolifération au Conseil de sécurité nationale sous le mandat de Clinton, et qui a récemment dirigé un rapport sur lIran ayant fait parler un certain nombre de responsables gouvernementaux de plusieurs nations, a déclaré « Lélément qui prouve de façon certaine que le contenu est vrai, cest que le travail technique est tellement bien détaillé quil serait difficile de le monter de toutes pièces ».
Un briefing non classé
En août et en septembre, alors que les États-Unis se préparaient pour le vote à lAgence internationale de lénergie atomique pour savoir sil fallait recommander une action du Conseil de Sécurité des Nations Unies contre lIran, ladministration Bush a intensifié sa campagne.
Les États-Unis partagent rarement des renseignements bruts en dehors dun cercle très fermé dalliés. Mais ils ont décidé de communiquer une version abrégée du briefing secret sur les ogives. M. Joseph et ses collègues lont présenté au président du Ghana et à des hauts responsables dArgentine, du Sri Lanka, de Tunisie et du Nigeria, parmi dautres nations.
Mais ladministration se sentait mal à laise à lidée de partager nimporte quel renseignement secret avec un autre groupe de nations. Ils ont alors développé pour eux-mêmes léquivalent du livre blanc sur lIrak que la Grande Bretagne et les États-Unis ont publié avant la guerre en Irak. Ce rapport non secret de 43 pages ninclut aucune référence aux documents sur les ogives, mais utilise des photos satellite commerciales et des analyses économiques pour indiquer que lIran na aucun besoin de puissance nucléaire et a longtemps caché ses ambitions réelles.
Des analystes du Los Alamos National Laboratory et du Pacific Northwest National Laboratory ont rédigé ce rapport pour le Département dÉtat, qui la largement distribué. Le rapport offre une visite des sites auparavant cachés, décrivant, par exemple, quun bâtiment « factice » situé dans lenceinte de lusine centrifugeuse de Natanz cachait un passage secret vers une usine souterraine.
Le rapport affirmait que, daprès les preuves, lIran ne dispose pas suffisamment de réserves duranium pour alimenter son programme de puissance nucléaire au-delà de 2010. Mais le pays a par contre suffisamment duranium, a ajouté le rapport, « pour fournir à lIran un nombre important darmes nucléaires ».
Le briefing a fait beaucoup de bruit. Certains responsables ont trouvé ses arguments superficiels et peu concluants. « Oui, et alors ? » a répondu un expert européen qui a entendu le briefing. « Comment savez-vous que ce que vous montrez est vrai au vu de lexpérience passée ? »
La campagne américaine a tout de même aidé à créer un consensus, même fragile, parmi les membres du conseil de lAgence Internationale de lÉnergie Atomique. Le 24 septembre, le conseil a adopté la résolution contre lIran par un vote de 22 contre 1, avec 12 pays qui se sont abstenus, y compris la Chine et la Russie.
Il sanctionne lIran pour « un long passé de dissimulations et de tromperies » et son manquement régulier à ses obligations en vertu du Traité de Non-prolifération Nucléaire quil a signé en 1970. La résolution dit que les défaillances de lIran lont exposé à un examen par le Conseil de Sécurité pour déventuelles sanctions avec des pénalités économiques, bien quelle laisse la décision du moment pour le renvoi du dossier à une autre réunion.
Manouchehr Mottaki, le ministre iranien des Affaires Étrangères a dénoncé la résolution comme étant « illégale et illogique » et le résultat dun « scénario orchestré par les États-Unis ».
Le débat autour de la prochaine étape
Pour Thanksgiving, le 24 novembre, le conseil de lAgence Internationale de lÉnergie Atomique a prévu de se réunir à nouveau afin daffronter la question nucléaire iranienne, et de décider ou non de passer à létape suivante et denvoyer le dossier devant le Conseil de Sécurité.
Ladministration Bush est sure de ses preuves. « Il ny a pas un seul pays avec lequel nous sommes en relation qui ne soit convaincu que lIran cherche à obtenir des armes nucléaires », a affirmé M. Burns, le sous secrétaire dÉtat.
Les Iraniens ont pris des mesures pour anticiper les sanctions. Après des mois dattente, ils ont autorisé des inspecteurs à pénétrer dans un site militaire secret, ont partagé plus dinformations sur le déroulement de leur programme et ont fait preuve dune volonté de rouvrir les négociations, tout en jurant de continuer à transformer luranium brut en un gaz pouvant être enrichi. Ces pas en avant pourraient convaincre quelques membres du conseil de lagence atomique. Au moins deux pays du conseil, Cuba et la Syrie, sont pratiquement certains de défier Washington lors de la prochaine réunion. (En septembre, seul le Venezuela avait voté en faveur de Téhéran).
Au vu de cette politique, les renseignements nouveaux dont parlent les États-Unis prouvent que les vraies intentions de lIran ne devraient pas être essentielles dans la longue confrontation avec Téhéran. Une raison cest que les États-Unis ont jusquà présent refusé de déclassifier les informations sur les ogives, rendant impossible toute explication détaillée de la part des Iraniens.
Dr. ElBaradei a dit que son agence était sur le point de « suivre le processus établi, ce qui signifie que jai besoin détablir la véracité, la cohérence et lauthenticité de toute information et den faire part au pays concerné ». Il a ajouté que « cela na pas eu lieu ».
Les nations européennes et lAgence Internationale de lÉnergie Atomique mettent au point les détails dune nouvelle proposition qui offre à Téhéran lopportunité de mener des activités nucléaires très limitées en Iran, mais de déplacer toute activité denrichissement en Russie, dans un effort dempêcher le pays dobtenir du carburant nucléaire qui pourrait se retrouver dans la tête du missile Chahab.
Certains diplomates européens sont inquiets car ils pensent quaffronter les Iraniens avec des preuves accablantes sur les études des ogives pourrait conduire Téhéran à abandonner les négociations avec lOccident, expulser les inspecteurs et faire avancer leurs plans, quels quils soient.
« Cest une carte qui va faire exploser tout le système en place, donc la question est de savoir quand et comment la jouer », a déclaré un haut diplomate européen. « Sil existe des informations pouvant servir à faire progresser les choses avec les Iraniens sans pour autant faire exploser le système, ce serait mieux. »