AFP : 27 octobre – Le Guide iranien a prévenu mercredi que son pays pourrait quitter les négociations sur son dossier nucléaire si les Européens demandaient une suspension à long terme de l’enrichissement d’uranium, alors que des délégués iraniens à Vienne parlaient de négociations « constructives ».
« Je dis à ceux (les Européens) qui négocient avec les représentants du peuple iranien (à Vienne) de ne pas nous amener, avec des propos injustes et illogiques, à la conclusion qu’ils ne croient pas à des négociations basées sur la logique car dans ce cas, le peuple et le régime islamique quitteront la table des négociations », a déclaré l’ayatollah Ali Khamenei, cité par la télévision officielle satellitaire en arabe Al-Alam.
« La suspension à long terme de l’enrichissement est une demande illogique. Si sous quelque forme que ce soit, il y a une menace lors des négociations, ce sera le signe d’un manque de logique de la part de ceux qui négocient et dans ce cas, le peuple iranien et la République islamique réviseront leur position sur le principe même de la négociation et la poursuite de la coopération », a-t-il ajouté.
« Là où il y a une demande logique comme les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique, nous l’avons acceptée, mais là où il y a une menace, nous avons résisté et nous résisterons », a-t-il encore déclaré lors d’une réunion avec les plus hauts responsables du pays.
Les représentants de la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont rencontré pendant cinq heures les délégués iraniens qui devaient leur remettre la réponse de Téhéran sur l’offre européenne de coopération en échange d’un arrêt illimité de l’enrichissement de l’uranium.
Les deux parties se sont quittées sans résultat concret mais doivent se retrouver « très prochainement » dans l’un des trois pays européens.
Ces trois pays demandent à l’Iran de suspendre sine die toutes ses activités liées à l’enrichissement d’uranium, notamment la construction de centrifugeuses et la conversion d’uranium dans les installations d’Ispahan (centre) mais également de renoncer à la construction d’un réacteur à eau lourde.
« Les négociations ont été très constructives selon l’Iran », a rapporté la télévision d’Etat, citant un membre de la délégation iranienne.
« Les négociations vont se poursuivre et, très certainement, pourront satisfaire les deux parties », a indiqué à la télévision Cyrus Nasseri, un autre membre de la délégation, tout en réaffirmant que « l’Iran ne renoncera en aucune manière à son droit à l’enrichissement de l’uranium et au cycle du combustible nucléaire » pour recevoir du combustible nucléaire de la part des Occidentaux comme le proposent les Européens.
« En ce qui concerne la suspension de l’enrichissement d’uranium, comme une mesure de confiance, nous n’avons pas encore donné notre réponse définitive », a par ailleurs déclaré à l’AFP Hossein Moussavian, un des hauts responsables iraniens engagés dans les négociations nucléaires, interrogé à Téhéran par téléphone.
« Nous n’accepterons pas une suspension de l’enrichissement sur plusieurs années », a-t-il ajouté.
Ces derniers jours, les responsables iraniens ont multiplié les annonces sur les progrès accomplis par l’Iran dans son programme nucléaire, malgré les demandes internationales.
Mercredi, un responsable iranien a affirmé que l’usine de production d’eau lourde d’Arak (200 km au sud-ouest de Téhéran) allait entrer en service d’ici un mois.
Les installations d’Arak comprennent une usine de production d’eau lourde et un réacteur à eau lourde de 40 mégawatts (toujours à l’état de projet) lequel, selon les experts, pourrait donner à l’Iran la technologie pour la production de plutonium de qualité militaire, contrairement aux réacteurs à eau légère qui n’en sont pas capables.