AFP : 27 octobre – Européens et Iraniens ont ajourné mercredi leurs négociations à Vienne sans être parvenus à un accord sur le programme nucléaire iranien, notamment une suspension sine die de l’enrichissement d’uranium qui éviterait à Téhéran de possibles sanctions onusiennes.
« Il y aura une nouvelle rencontre bientôt » en Allemagne, en France ou en Grande-Bretagne, a déclaré un responsable iranien, Cyrus Nasseri. « Nous négocions et nous tentons de parvenir à un accord » mais « une suspension totale ne sera acceptée en aucune circonstance », a-t-il ajouté.
Cyrus Nasseri a également insisté, devant la télévision d’Etat iranienne, sur le droit à l’enrichissement de l’uranium qui est prévu dans les traités pour fournir de l’électricité.
Il n’y a pas eu de réactions immédiates des diplomates des trois pays de l’UE qui participaient à la deuxième réunion en une semaine avec les Iraniens à Vienne, à l’ambassade de France.
« Les négociations ont été très constructives selon l’Iran, et de nombreuses questions ont été abordées pendant cinq heures de négociations », a rapporté un autre membre de la délégation iranienne, selon la télévision.
Allemands, Britanniques et Français demandaient à Téhéran de répondre à leur offre de coopération nucléaire civile, y compris éventuellement un réacteur de recherche à eau légère, ainsi qu’une assistance politique.
Au préalable, Téhéran devra prouver qu’il ne cherche pas à se doter de l’arme atomique – comme le croient les Etats-Unis – en commençant par suspendre sine die les activités liées à l’enrichissement. L’uranium hautement enrichi peut servir aussi bien à l’énergie civile qu’à la bombe nucléaire.
L’Iran estime qu’il existe encore de nombreuses « ambiguïtés » dans la proposition européenne, avait déclaré mardi soir à l’AFP le porte-parole des négociateurs iraniens, Hossein Moussavian.
Le responsable du dossier nucléaire, Hassan Rohani, avait semblé signaler un assouplissement iranien il y a quelques jours en déclarant que « le plan des Européens pour la suspension illimitée de l’enrichissement de l’uranium, s’il n’est pas en contradiction avec les critères de la République islamique, peut être appliqué ».
Un diplomate occidental a estimé mercredi soir que les Iraniens « avaient fait des contre-propositions pour tenter de redéfinir la notion de suspension illimitée. Ils font tout pour que soit entériné leur droit à maîtriser l’enrichissement ».
« L’Occident espère que les pays européens tiendront bon », a-t-il dit.
Malgré les pressions internationales, une usine de production d’eau lourde va entrer en service d’ici un mois à Arak (200 km au sud-ouest de Téhéran), a annoncé mercredi le directeur de l’usine, cité par l’agence officielle Irna.
Des analystes ont émis ces derniers jours des doutes sur les positions fluctuantes de la République islamique, en notant aussi que les chances de succès d’un tel marché dépendent du soutien des Etats-Unis, aujourd’hui réticents.
Les Iraniens pensent être en position de force pour temporiser quelques mois après le résultat des présidentielles américaines, d’autant que les Etats-Unis sont englués en Irak, a estimé Gary Samore, un expert à Londres.
Convaincu que l’Iran recherche l’arme atomique, malgré ses dénégations, Washington veut une saisine du Conseil de sécurité de l’ONU pour d’éventuelles sanctions internationales, alors que Paris, Berlin et Londres préfèrent un dialogue critique avec Téhéran.
Les Européens présentent ces négociations comme celles de « la dernière chance » avant la session de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le 25 novembre, qui pourrait saisir le Conseil de sécurité.
En marge de la rencontre mercredi, quelques dizaines de militants d’opposition au régime islamique – les Moudjahidine du peuple iranien – ont manifesté à Vienne pour demander que leur organisation ne figure plus sur la liste des groupes terroristes de l’Union européenne, où elle est inscrite depuis mai 2002.
Le maintien de cette inscription figure parmi les gestes envisagés par l’UE envers Téhéran en échange de l’arrêt de l’enrichissement.