The Times, 16 janvier 2006 – LArabie Saoudite a rompu son silence hier dans la confrontation entre lOccident et lIran en avertissant Téhéran que ses ambitions nucléaires pourraient conduire à un désastre dans la région.
Le prince Saoud al Faisal, ministre saoudien des affaires étrangères, a critiqué le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad, le suppliant dabandonner lénergie atomique, de modérer sa politique étrangère et de résister à la tentation de singérer dans les affaires irakiennes.
Parlant lors dune conférence sur le terrorisme à Londres, le prince Saoud a parlé au nom de beaucoup dans le monde arabe, quand il a mis en garde des dangers dune course à larmement dans la région.
« Nous appelons lIran à accepter la position que nous avons pris pour faire du Golfe, qui fait partie du Moyen-Orient, une région sans armes nucléaires et armes de destruction massive. Nous espérons quil nous rejoindra dans cette politique et assurera quaucune nouvelle menace dune course à larmement ne se passera dans cette région », a-t-il dit au Times.
Il a dit que le problème est né du fait quIsraël a été autorisé à construire des ogives nucléaires, ce qui a conduit dautres pays à vouloir faire la même chose. « Personne ne mentionne quIsraël possède 100 ogives nucléaires en stock, même si cest un secret connu de tous», il a dit.
Malgré des suggestions que lArabie Saoudite pourrait essayer de construire ses propres armes nucléaires si lIran sen procurait, le prince Saud a insisté que Riyad était déterminé à ne pas le faire. Tandis que la communauté internationale est largement en faveur de laisser lIran développer une industrie civile nucléaire pour produire de lénergie, le prince Saoud a dit que même cette option serait dangereuse,en référence au réacteur nucléaire qui est actuellement construit à Bouchehr en Iran. « Le réacteur iranien est situé sur le Golfe. Il est construit avec de la technologie russe. Imaginez si un accident type Tchernobyl arrivait. »
Mais le prince navait pas loptimisme que son appel serait entendu. Malgré le fait que le gouvernement saoudien na pas eu lopportunité de travailler avec M. Ahmadinejad, le prince Saoud a jugé ses déclarations extrémistes et la exhorté à continuer la politique de son prédécesseur modéré, Mohammad Khatami. « Nous espérons que son administration sera une force stabilisatrice et non déstabilisatrice », a-t-il dit. « Sil poursuit le chemin du président Khatami en politique étrangère, je pense que nous pourrions travailler ensemble. Mais on verra ça avec le temps. »
Un autre conflit potentiel entre les deux parties concerne le futur de lIrak. LArabie Saoudite est très inquiète que lIran puisse être tenté dutiliser son influence sur les partis politiques Chiites, qui ont gagné les élections parlementaires le mois dernier et qui formeront le futur gouvernement irakien.
Le prince Saoud a dit que lIrak devait rester uni et a averti des dangers de division dans la région sud riche en pétrole et étroitement liée à lIran.