Reuters, Téhéran, 17 janvier De Parisa Hafezi Mardi, lIran a demandé avec insistance à lUnion Européenne d’ouvrir une nouvelle série de négociations au sujet du conflit nucléaire avec lOccident, ce qui na guère suscité denthousiasme de la part de la Grande-Bretagne et de la Russie.
Un haut responsable britannique a rejeté loffre « inepte » de lIran formulée dans une lettre de Javad Vaeedi, numéro deux du Conseil suprême de la sécurité nationale.
Le ministre des Affaires Étrangères russe, Sergei Lavrov, a affirmé que lIran devait dabord rétablir un point de départ pour ces négociations en faisant cesser les recherches sur le combustible nucléaire qui ont repris la semaine dernière au mépris des ordres des puissances mondiales.
« Des négociations présupposent une obligation. Lobligation de lIran était de se conformer au moratoire », a dit Lavrov. « Mais lIran (sest écarté de) ce moratoire avec ses recherches scientifiques. »
La Grande-Bretagne, la France et lAllemagne ont rompu les négociations la semaine dernière après que Téhéran ait levé les scellés sur les dispositifs denrichissement duranium, renforçant ainsi les suspicions de lOccident selon lesquelles lIran cherche à développer des armes nucléaires.
Washington et ses alliés de lUE disent que le moment est venu pour lagence de surveillance nucléaire de lONU de renvoyer le dossier iranien devant le Conseil de Sécurité, qui pourrait éventuellement décider dimposer des sanctions à lIran.
La Chine a émis une réserve, affirmant quelle désirait que les pourparlers entre lIran et le trio européen redémarrent, mais na pas dit quelle tenterait de bloquer une initiative visant à renvoyer lIran devant le Conseil de Sécurité.
La Russie, tout en partageant lopposition de la Chine à des sanctions de lUE contre lIran, se rapproche de plus en plus de la position de lUE en faveur dun renvoi.
Une source iranienne à Vienne a déclaré que lIran avait écrit au trio européen, proposant que les négociations reprennent immédiatement et affirmant que Téhéran était prêt à « lever les ambiguïtés existant autour de son programme nucléaire pacifique grâce à des discussions et des négociations ».
Le haut responsable britannique a rejeté loffre : « cette offre est vide de sens car les Iraniens ont tout fait pour que (de nouvelles négociations) soient impossibles ».
AUCUNE CONCESSION DE LA PART DE LIRAN
Malgré lappel de lIran à des négociations, un haut responsable iranien a déclaré que la décision de reprendre les recherches sur le combustible nucléaire était « irréversible ».
Ali Asghar Soltaniyeh, représentant iranien auprès de lAgence Internationale de lÉnergie Atomique (AIEA), a également déclaré mardi à lagence de presse des étudiants iraniens ISNA quil allait rencontrer le directeur de lagence Mohamed ElBaradei afin de discuter des projets de lIran.
Le porte-parole de lAIEA na pas pu confirmer cette réunion.
Soltaniyeh a menacé une fois de plus de mettre fin aux visites à limproviste de lAIEA des sites nucléaires si le dossier était renvoyé devant le Conseil de Sécurité.
Un haut responsable britannique a affirmé quun renvoi devant le conseil ne déboucherait pas automatiquement sur des mesures punitives.
« Nous ne voyons pas là un moyen daboutir directement à des sanctions », a-t-il déclaré aux journalistes sous couvert de lanonymat. « Nous voulons construire avec le temps une pression graduelle et soutenue. »
Lavrov a également avancé que parler de sanctions était prématuré.
« Avec la question des sanctions contre lIran, on met la charrue avant les boeufs. Les sanctions ne sont en aucun cas le meilleur ni lunique moyen de résoudre le problème », a-t-il dit lors dune conférence de presse.
Le porte-parole du ministère des Affaires Étrangères chinois a annoncé que Pékin préconisait la diplomatie, demandant à toutes les parties de « rester patientes et de sefforcer au maximum de reprendre les négociations entre les 3 Européens et lIran ».
LAllemagne a déclaré plus tôt que les membres du conseil restaient en désaccord sur la question nucléaire iranienne après les discussions lundi à Londres entre les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et lAllemagne.
Toutefois, les participants se sont mis daccord pour réunir durgence le conseil de lAIEA le 2 février afin denvisager un renvoi.
La lettre de lIran disait également que le pays désirait se rendre aux pourparlers prévus avec la Russie au sujet de loffre de Moscou denrichir de luranium pour lIran dans le cadre dune entreprise commune afin déviter toute déviation vers un objectif militaire.
« LIran pense que les négociations avec la Russie vont se poursuivre de manière sérieuse et constructive, et auront lieu comme prévu le 16 février à Moscou », selon la source citant la lettre.
Lavrov a affirmé que loffre de la Russie restait à lordre du jour. Téhéran a exprimé des avis mitigés sur cette proposition, qui bénéficie du soutien de lUE et des USA.
Le haut responsable britannique dit ne pas croire que lIran considère sérieusement cette offre. « LIran est en train de jouer avec la proposition russe pour des raisons tactiques », a-t-il dit.
LAllemand Gernot Erler, ministre adjoint des Affaires Étrangères, a affirmé que lIran devait tenir ses promesses sil voulait de nouvelles négociations avec les 3 Européens.
Le ministre français des Affaires Étrangères, Philippe Douste-Blazy, qui doit se rendre à Moscou mercredi pour discuter de lIran, a affirmé que son pays tenterait de maintenir une unité internationale autour de la question.
« Cest la crédibilité de lAIEA qui est en jeu mais aussi la crédibilité du système multilatéral de non-prolifération et particulièrement la stabilité de la région », a-t-il expliqué au parlement.
Toute action du Conseil de Sécurité nécessiterait lapprobation de ses cinq membres permanents, dont la Russie et la Chine, toutes deux hésitant à mettre en péril leurs importants intérêts économiques en Iran.
LIran est un fournisseur de pétrole crucial pour la Chine. La Russie a fait un investissement d1 milliard de dollars dans la construction du premier réacteur atomique en Iran.
(Articlé rédigé avec laide dOleg Shchedrov à Moscou, Madeline Chambers à Londres, Noah Barkin à Berlin, Chris Buckley à Pékin et Tom Heneghan à Paris)