Reuters, Vienne, 27 février De Mark Heinrich et Francois Murphy LIran prend de lavance dans son programme denrichissement du fuel nucléaire défiant ainsi la pression internationale et donne des réponses évasives aux enquêtes de lONU encouragées par la crainte que Téhéran veuille secrètement développer des armes atomiques, selon un rapport paru lundi de lorgane de surveillance nucléaire des Nations Unies.
Le rapport du directeur Mohamed ElBaradei de lAgence Internationale de l’Énergie Atomique a été distribué aux membres du conseil de lAIEA avant quils ne se réunissent le 6 mars pour en discuter. Le rapport sera transmis au Conseil de Sécurité de lONU qui a le pouvoir dimposer des sanctions.
« Il est regrettable et inquiétant que les incertitudes liées à lampleur et à la nature du programme nucléaire de lIran naient pas été clarifiées après trois ans de vérification intensive de lagence », selon le rapport que sest procuré Reuters.
Il déclare que lIran a commencé à tester une cascade de 20 centrifugeuses à son usine denrichissement duranium pilote de Natanz, voulant à tout prix parvenir à purifier le combustible nucléaire.
LIran a également débuté des rénovations substantielles du système de maniement du gaz UF6, qui est converti par les centrifugeuses en combustible atomique enrichi. Selon le rapport, la cascade composée de 20 machines centrifuges a subi un premier test à vide le 22 février.
Ce rapport survient alors que lOccident a réagi avec un grand scepticisme à une tentative daccord entre lIran et la Russie portant sur lenrichissement duranium et visant à résoudre le conflit.
Le directeur du programme nucléaire iranien a déclaré dimanche que Téhéran avait abouti à un accord « de base » avec Moscou au sujet dune proposition dentreprise commune pour enrichir luranium en Russie. Mais les dirigeants russes auraient dit peu après que lIran navait fait pour le moment aucune promesse de renonciation à lenrichissement nucléaire dans son pays, comme la Russie et les principales puissances occidentales lexigent.
La France et lAllemagne ont déclaré que cet accord-cadre ne représentait aucun progrès significatif. Les États-Unis ont également exprimé leurs réserves.
Le rapport dElBaradei affirme que lIran a également produit 85 tonnes de gaz UF6 à son usine de conversion duranium à Isfahan depuis septembre 2005, ce qui représente une quantité suffisante pour le développement de plusieurs bombes atomiques une fois que lIran aura maîtrisé la technologie de lenrichissement à grande échelle.
Il rapporte cependant que les enquêtes navaient découvert aucune preuve concrète que le programme nucléaire a été détourné pour la fabrication darmes.
« LA TRANSPARENCE EST ESSENTIELLE »
Une résolution du conseil de lAIEA datant du 4 février renvoyant lIran devant le Conseil de Sécurité en raison de la crainte que le pays cherche secrètement à se procurer des bombes atomiques avait exigé de Téhéran quil cesse dempêcher les enquêtes de lagence.
« Afin de clarifier ces incertitudes, une transparence totale de lIran est toujours essentielle », selon le rapport dElBaradei.
« Sans une transparence totale sétendant au-delà des exigences légales officielles de laccord de sauvegardes (de lAIEA) la possibilité pour lagence de reconstruire lhistoire du programme iranien et de vérifier lexactitude et le caractère complet des déclarations faites par lIran, particulièrement en ce qui concerne son programme denrichissement (de combustible nucléaire) par centrifuge, sera limitée, et les questions sur la direction passée et actuelle du programme nucléaire iranien resteront toujours en suspens », daprès le rapport.
Les personnes responsables des enquêtes de lAIEA ont affirmé que lIran avait fait très peu pour tenir compte du conseil de lAIEA sauf en fournissant légèrement plus dinformations, peu concluantes cependant, sur les liens civil-militaire présumés dans ses travaux nucléaires et sur ses équipements liés à des installations militaires que lIran a rasées avant que les inspecteurs ne viennent les visiter.
« Nous ne sommes pas encore au point de conclure quil sagit dun (programme nucléaire pacifique) », a affirmé un haut responsable bien informé des enquêtes de lAIEA.
Un autre responsable dans le même cas a déclaré : « LIran avance toujours petit à petit et, avec la reprise des travaux denrichissement duranium, cela rend latmosphère beaucoup plus négative ».
Le rapport affirme que des échantillons environnementaux prélevés aux installations militaires de Parchin nont montré aucune trace de matière nucléaire.
LOccident suspecte que Parchin soit une base où lIran travaille secrètement sur la technologie des armes nucléaires.