Le Monde, 22 mars – Par Corine Lesnes – Le président chinois Hu Jintao n’avait pas encore terminé sa visite aux Etats-Unis que l’administration Bush a appelé, vendredi 21 avril, l’Europe et la Russie à se préparer à appliquer des sanctions unilatérales contre l’Iran, comme si elle avait déjà tiré les conséquences des réticences chinoises. « Si le Conseil de sécurité (de l’ONU) ne parvient pas à passer à l’action dans une période de temps raisonnable, ce sera le moment pour certains groupes de pays de s’organiser ensemble dans le but d’isoler les Iraniens sur le plan diplomatique et économique », a déclaré le numéro trois du département d’Etat, Nicholas Burns, lors d’une conférence de presse à Washington.
Le diplomate, qui représentait les Etats-Unis, le 18 avril à Moscou, lors de la réunion consacrée à l’Iran par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, a donné des précisions sur les prochaines échéances. Le 2 mai, le « groupe des Cinq » se réunira à Paris pour examiner le rapport qu’aura fait l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien. La France et la Grande-Bretagne devraient ensuite introduire « dans la première partie » du mois de mai un projet de résolution devant le Conseil de sécurité demandant à l’Iran de suspendre ses activités nucléaires. Le projet de résolution serait placé sous le chapitre VII de la charte de l’ONU qui autorise le recours à la force. Selon M. Burns, le dossier iranien sera la principale question à l’ordre du jour du sommet du G8 au niveau des chefs d’Etat, à la mi-juillet à Saint-Pétersbourg. Les Etats-Unis, qui appliquent des sanctions contre l’Iran depuis vingt-six ans, comptent sur les nations qui ont « des moyens de pression » pour en faire usage, a espéré M. Burns. Le responsable a appelé à un embargo sur les armes. Il a déploré que la Russie ait confirmé son intention de vendre des missiles antiaériens TOR-M1 à l’Iran, mais Washington n’a pas désespéré de la faire changer d’avis, a-t-il dit.
Les capitales européennes préféreraient une solution multilatérale. Elles estiment que le message envoyé à la population iranienne serait beaucoup plus fort que dans le cas d’une « coalition de volontaires » agissant en dehors de l’ONU.