AFP : 21 novembre – L’Iran suspendra totalement l’enrichissement d’uranium lundi comme il s’y est engagé, a indiqué Téhéran dimanche, satisfaisant une attente primordiale de la communauté internationale sans empêcher les accusations américaines de redoubler contre le nucléaire iranien.
« La suspension prendra effet demain », a dit devant la presse le porte-parole des Affaires étrangères Hamid Reza-Assefi, « nous avons dit que nous allions suspendre et nous allons donc le faire ».
L’Iran, ouvertement accusé par les Etats-Unis et Israël de chercher à se doter de l’arme atomique sous le couvert d’activités nucléaires civiles, a accepté de suspendre toutes ses activités d’enrichissement.
Il a ainsi accédé à une demande capitale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) car une telle suspension est la garantie probante que la technologie produisant le combustible pour les futures centrales civiles iraniennes n’est pas détournée, avec un taux d’enrichissement bien plus élevé, à des fins militaires.
L’Iran avait annoncé lundi que la suspension serait effective le 22. Malgré le peu de temps laissé aux inspecteurs de l’AIEA pour vérifier la suspension, cette dernière a diminué la menace que l’AIEA, réunie à partir de jeudi à Vienne, envoie le dossier devant le Conseil de sécurité de l’Onu, comme le voudraient les Etats-Unis.
Ceux-ci ont accru la pression à l’approche de la session de l’AIEA, en particulier après que des diplomates eurent indiqué que l’Iran accélérait la production d’hexafluoride d’uranium (UF6) avant que ces opérations ne tombent sous le coup de la suspension. L’UF6 est un gaz injecté dans les centrifugeuses servant à enrichir.
Le président américain George W. Bush a lancé une mise en garde samedi: il est « important que le gouvernement iranien sache que nous sommes préoccupés par leurs intentions et très inquiets d’informations qui montrent (…) qu’ils cherchent à accélérer la fabrication de matières qui pourraient mener à une arme atomique ».
Les déclarations américaines « relèvent de la propagande », a répondu M. Assefi.
Il a fait valoir que la production d’UF6 s’effectuait « sous la supervision de l’AIEA ».
Elle est aussi, selon lui, « conforme à l’accord de Paris », passé avec les trois grands Européens, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne.
« Nous ne démentons pas la production d’hexafluoride », a abondé le chef de l’Organisation atomique nationale, Gholamreza Aghazadeh, cité par l’agence Isna, « mais cela fait partie de la production normale (de l’usine) d’Ispahan », qui « sera suspendue lundi ».
L’Iran a consenti à suspendre contre l’engagement des trois Européens, réticents à en référer au Conseil de sécurité, d’ouvrir des négociations en vue d’une coopération nucléaire, technologique et commerciale.
Les déclarations américaines sont « le signe que les Etats-Unis sont furieux des récentes évolutions » du dossier. « Ils ne sont pas contents que nous coopérions avec les Européens », a jugé M. Assefi.
Il a aussi réfuté des accusations du secrétaire d’Etat Colin Powell qui a dit disposer d’informations selon lesquelles l’Iran travaillerait ardemment à la mise au point de missiles pouvant emporter des charges nucléaires.
« Je ne suis pas pessimiste », a déclaré M. Assefi avant la réunion de l’AIEA, « si notre coopération avec l’Agence et les Européens est prise en compte, il n’y a pas lieu de s’inquiéter ».
Les Européens travaillent à un projet de résolution que pourrait adopter l’AIEA. Selon des sources diplomatiques, les Iraniens continuent à redouter que la résolution finale comporte un « mécanisme déclencheur », qui défèrerait automatiquement l’Iran devant le Conseil de sécurité en cas de manquement.
M. Assefi a cependant répété que l’enrichissement était seulement suspendu: si les Européens nous demandaient d’y renoncer définitivement, « nous ne l’accepterions pas ».
M. Aghazadeh a prédit « des négociations sensibles et difficiles » avec les Européens dans les prochains mois.