Reuters, 18 mai De Christian Oliver Accepter les incitations de lUE qui demande que lIran cesse de produire du combustible nucléaire reviendrait à échanger des bonbons contre de lor, a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad mercredi.
La Grande-Bretagne, la France et lAllemagne (les trois principales puissances de lUnion Européenne) envisagent doffrir un réacteur à eau légère à lIran dans le cadre dune série de mesures visant à inciter Téhéran à geler son programme denrichissement duranium, qui selon lOccident revêt une dimension militaire.
« Ils disent quils veulent offrir des avantages aux Iraniens, mais ils pensent quils sont en train de parler à un enfant de quatre ans et quils peuvent lui donner des bonbons ou des noix et lui prendre son or en échange », a déclaré Ahmadinejad devant une foule depuis la ville dArak, dans le centre du pays.
Cest à Arak que lIran construit un réacteur nucléaire à eau lourde en dépit de lopposition des pays occidentaux, soucieux que le sous-produit de plutonium de lusine soit utilisé dans des têtes nucléaires.
« LIran nacceptera aucune suspension ou gel (de ses travaux nucléaires) », a-t-il ajouté dans un discours diffusé en direct à la télévision nationale.
LUE désire la fin des travaux sur le combustible nucléaire de lIran comme unique garantie crédible que le pays ne fabrique pas darmes atomiques. Téhéran insiste sur le fait quil a besoin de combustible uniquement pour alimenter ses centrales.
« Nous vous avons fait confiance il y a trois ans et avons accepté la suspension, mais malheureusement, cela sest avéré être une expérience amère dans lhistoire de lIran. Nous nallons pas tomber deux fois dans le même piège », a affirmé Ahmadinejad.
LIran a suspendu ses travaux denrichissement duranium en 2003 dans un geste de bonne volonté alors que le pays tentait de forger une solution diplomatique à limpasse dans laquelle se trouvaient les négociations avec la France, lAllemagne et la Grande-Bretagne.
Mais la diplomatie a échoué et lIran a redémarré ses travaux sur le combustible nucléaire en août lannée dernière.
RETRAIT DU TNP ?
Ahmadinejad a assuré que la pression sur lIran au sujet de son programme nucléaire pourrait produire des réactions inverses. « Ne forcez pas les gouvernements et les nations signataires du Traité de Non-prolifération nucléaire à se retirer », a-t-il dit.
Les hauts diplomates du trio européen et le chef du bureau de la politique étrangère de lUE, Javier Solana, doivent maintenant discuter de leur offre à lIran avec leurs homologues américains, russes et chinois à Londres la semaine prochaine, et non vendredi comme cétait prévu.
« Nous ne nous sommes pas encore mis daccord sur la série de mesures », a affirmé le sous-secrétaire dEtat américain, Nicholas Burns, à Reuters. « Elle est en cours de développement et nous allons probablement nous rencontrer en Europe la semaine prochaine pour en parler. Je vais me rendre à Londres pour ces discussions. »
Un diplomate européen participant aux négociations sur lIran a déclaré mardi que les 3E et Solana avaient lintention doffrir à Téhéran un réacteur à eau légère à condition quil suspende lenrichissement.
Les experts nucléaires estiment que les réacteurs à eau légère sont plus difficilement utilisables pour fabriquer des armes que les centrales à eau lourde, comme celle en construction à Arak.
Le trio européen a dabord proposé doffrir à lIran la technologie de leau lourde en 2005 après deux ans de pourparlers. A lépoque, les Iraniens avaient répondu que loffre manquait dincitations spécifiques.
Les diplomates européens ont expliqué que la nouvelle offre serait plus précise, en partie parce quils pouvaient compter sur le soutien entier des Etats-Unis.
Mais ils ont bien fait comprendre quil y avait peu de chances que lIran accepte et quils avaient lintention avant tout de démontrer aux sceptiques tels que la Russie et la Chine que lOccident nessaie pas de priver lIran de lénergie nucléaire civile.