The New York Times De Michael Sclackman – Jeudi, les dirigeants iraniens ont unanimement rejeté loffre de Washington dengager des négociations directes à la condition quils suspendent dabord lenrichissement duranium. Ils nont pourtant pas pu dissimuler leur satisfaction avec larrivée de cette offre.
Dans des interviews, les hauts responsables iraniens et des experts ont affirmé que la proposition américaine indiquait que lapproche inflexible de lIran dans la crise nucléaire était parvenue à forcer les Etats-Unis à les prendre plus au sérieux, même si aucun progrès na été fait vers la résolution du conflit. Gagner ce signe de respect, selon beaucoup, est déjà une récompense.
« Le fait que Mme Rice ait annoncé la volonté des Etats-Unis de mener des négociations avec lIran est plus important que les conditions quelle a fixées », a affirmé Saeed Leylaz, analyste politique de Téhéran, qui a des liens étroits avec certains membres du gouvernement.
LIran na pas répondu immédiatement à lannonce de Vienne selon laquelle les Etats-Unis avaient réussi à rallier la Russie, la Chine et les puissances européennes derrière une offre de grande envergure de mesures politiques et économiques en échange de la suspension de ses activités nucléaires. Mais le cur de la position iranienne, à qui le pays donne du crédit pour ses succès diplomatiques récents, consiste à refuser denrichir de luranium, qui selon lui est son droit en vertu des traités internationaux.
« Nous ne négocierons pas au sujet des droits nucléaires naturels de la nation iranienne, mais nous sommes prêts, dans un cadre défini et juste et sans aucune discrimination, à mener un dialogue à propos de préoccupations communes », a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki dont les commentaires ont été diffusés à la radio iranienne ( )
Dans une interview, Javad Vaeidi, vice-président pour les affaires internationales du Conseil suprême de la sécurité de lIran, a confirmé que lapproche des Etats-Unis à elle seule, était une mesure positive similaire à la lettre dAhmadinejad.
Mais il a catégoriquement rejeté non seulement le contenu, mais aussi le ton de la proposition. Selon la définition du conflit de M. Vaeidi, il sagit autant de gagner le respect que de développer la puissance nucléaire. Il serait humiliant de renoncer à lenrichissement, a-t-il dit.
« La formulation montre malheureusement que ladministration Bush ne veut toujours pas nous persuader quils sont prêts à prendre en compte nos droits et nos intérêts », a affirmé M. Vaeidi pendant une interview de deux heures dans les bureaux du Conseil suprême de la sécurité à Téhéran. « Son contenu, selon moi, se base sur les affaires internes des Etats-Unis. »
Pendant deux années du mandat du président précédent, Mohammad Khatami, lIran a suspendu ses activités denrichissement nucléaires dans le cadre dune stratégie basée sur la « construction de confiance ». Mais le gouvernement iranien a finalement conclu quil narriverait jamais à atteindre son but sil acceptait les exigences de lOccident, a déclaré M. Vaeidi.
Avec lélection de M. Ahmadinejad en tant que président en juin, lobjectif de Téhéran na pas changé, daprès M. Vaeidi.
Mais sa tactique quant à elle a été modifiée, adoptant une approche agressive et inflexible. Alors quil existe certaines inquiétudes quant à léventualité dune action punitive du Conseil de Sécurité des Nations Unies, les dirigeants iraniens et experts disent ici que la nouvelle stratégie a été couronnée de succès en permettant à lIran de donner le ton.
« Nous ne cherchons pas à prendre des risques », a ajouté M. Vaeidi. « Nous ne voulons pas de problèmes ; nous ne voulons pas de conflit. Nous voulons juste nos droits. »
Jusquà maintenant, Washington et Téhéran se sont surtout servis dintermédiaires dans une bataille pleine de récriminations datant de la Révolution islamique en 1979 et de la crise des otages qui a suivi dans lambassade américaine à Téhéran. Même sur la question nucléaire, il ny a eu aucun échange entre Téhéran et Washington ( )
Mais les dirigeants iraniens ont également fixé des conditions apparemment irréalisables pour des discussions en face à face, comme la garantie absolue de lAmérique de la sécurité de leur gouvernement, tout en affirmant quils se réjouissent de telles négociations.
Parallèlement, les leaders conservateurs iraniens ne sont pas aussi impatients daméliorer les relations avec les Etats-Unis, parce quils craignent que cela soutienne le partis de lopposition qui veulent la démocratie, selon un scientifique politique qui a insisté pour garder lanonymat en raison de ses liens avec le gouvernement.
Linsistance de lIran pour définir le conflit dans des termes historiques plus larges complique également les efforts pour trouver une solution diplomatique. M. Vaeidi a déclaré que depuis la révolution, les Etats-Unis ont poursuivi vis-à-vis de lIran une politique de « dénégation et dendiguement », niant la légitimité du gouvernement et endiguant linfluence de lIran dans la région. Il a affirmé quil voyait les efforts de Washington pour stopper le programme nucléaire iranien comme une extension de cette politique.
« Selon moi, a déclaré M. Vaeidi, la question principale nest pas celle des activités nucléaires de lIran. La question principale est en réalité la position des Iraniens dans le futur de la région et dans les affaires internationales. »
Des négociations consistantes avec les Américains débuteront, a-t-il dit, « lorsquils reconnaîtront nos droits, nos intérêts et notre sécurité ».
Nazila Fathi a contribué à la rédaction de cet article.