AFP, Téhéran, 6 juin – Le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, a remis mardi à l’Iran une offre destinée à résoudre la crise nucléaire, qui selon Téhéran contient des « pas positifs » mais aussi des « ambiguïtés ».
« Nous devons examiner ces propositions et ensuite nous donnerons notre réponse », a dit Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, après avoir reçu l’offre élaborée par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de l’Allemagne (groupe 5+1).
« Il y a des pas positifs dans ces propositions, mais aussi des ambiguïtés qui doivent être clarifiées », a ajouté le responsable.
L’offre des grandes puissances contient des mesures incitatives, notamment en matière de commerce, pour que Téhéran suspende son enrichissement d’uranium, mais aussi une menace d’action devant le Conseil de sécurité de l’ONU s’il s’y refuse.
L’entretien de MM. Larijani et Solana a duré un peu plus de deux heures, et les « discussions » ont été « bonnes », selon le responsable iranien.
Néanmoins, « pour arriver à une conclusion sur les propositions du groupe 5+1, il y a besoin de plus d’études et de discussions », a-t-il ajouté.
M. Solana s’est rangé à cet avis en estimant qu’il y avait « absolument besoin de plus de discussions et d’études ».
Le responsable de l’UE, qui doit repartir mardi, a jugé que les discussions « ont été en général très constructives », et a précisé que les Européens « resteront en contact avec l’Iran dans les jours qui viennent ».
En arrivant lundi soir dans la capitale iranienne, M. Solana avait affirmé que les grandes puissances souhaitaient « lancer une nouvelle relation et nous voulons qu’elle soit basée sur (…) un esprit de confiance et de respect ».
Mais les plus hauts responsables de l’Etat iranien ont exclu de négocier sur l’enrichissement d’uranium, tout en se déclarant prêts à étudier l’offre transmise par M. Solana.
Dimanche, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que Téhéran ne devait pas renoncer à ses « avancées scientifiques » face aux « menaces » et « pots-de-vin ».
La veille, le président Mahmoud Ahmadinejad avait déclaré que toute négociation sur la suspension de l’enrichissement d’urnanium était exclue.
L’Iran affirme que ses activités d’enrichissement d’uranium ont un objectif pacifique mais les pays occidentaux craignent qu’il n’utilise à terme cette technologie pour produire l’arme atomique.
M. Solana doit achever sa visite par un déjeuner et un entretien avec le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, suivis d’un point de presse.
Lundi soir, M. Mottaki avait estimé que « si leur objectif n’est pas de politiser la question et s’ils tiennent compte de nos revendications, nous pouvons parvenir à un accord raisonnable ».
Lundi encore, la Maison-Blanche avait appelé à faire preuve de patience en attendant une réponse iranienne ferme à l’offre des grandes puissances, et à ne pas prendre au pied de la lettre les premiers refus de suspendre l’enrichissement.
« Comme nous l’avons toujours dit, laissons (leur) le temps, laissons les Iraniens examiner les propositions, les incitations et les mesures dissuasives, on peut s’attendre à quelques réponses htives, nous conseillons la patience », avait dit devant la presse le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow.
Les Etats-Unis ont offert de lever certaines de leurs sanctions commerciales adoptées dans les années 1990 dans le cadre de l’offre des grandes puissances, ont révélé dimanche à Vienne des diplomates.