The Times, 7 juin – De Bronwen Maddox , rédacteur en chef pour létranger – La dernière offre du monde à lIran (une offre intelligente), a suscité la réponse la plus civile que Téhéran ait pu donner en un an.
Il serait faux de la qualifier davancée décisive ou même den espérer une. Le mieux que lon puisse espérer serait de gagner du temps avec Téhéran : plusieurs mois, voire des années, pendant lesquels ce pays promet de freiner ses ambitions nucléaires.
Les pays qui se sont chargés de marchander avec Téhéran pour quil sécarte de ses objectifs provocateurs devraient considérer cette danse perpétuelle comme une cible désirable. Les événements dhier nous en ont rapprochés.
A Téhéran lundi matin, Javier Solana, responsable de la politique étrangère de lUnion Européenne, a tendu une botte de carottes à lIran pour lattirer dans le royaume de la diplomatie.
Cette série de mesures a été définie vendredi à Vienne par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies (les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Chine et la Russie) ainsi que lAllemagne, qui est intimement impliquée dans le conflit depuis que les dissidents ont dévoilé le programme clandestin de lIran il y a quatre ans.
Pour que lIran reçoive une quelconque de ces récompenses, il doit suspendre ses travaux les plus controversés, lenrichissement duranium, qui peut produire du combustible pour des réacteurs mais qui peut également servir à la fabrication darmes. Depuis lélection lété dernier dun gouvernement radical, le pays a redémarré ses travaux en adoptant une attitude de plus en plus antagoniste. En concevant cette offre, les USA et lUE avaient le regard tourné vers le sommet du G8 réunissant les leaders les plus puissa nts du monde le 15 juillet à St Petersbourg. Ils veulent soutirer des concessions iraniennes et montrer à la Chine et à la Russie que leur attitude nest pas raisonnable.
La Chine et la Russie ont des liens importants avec les industries énergétiques de lIran et protègent ce pays ainsi que ces intérêts dans les pourparlers nucléaires. Mais leur patience avec Téhéran a clairement atteint ses limites.
Les mesures incitatives les plus importantes dans cette nouvelle offre sont proposées par les Etats-Unis :
Les USA pourraient offrir de fournir à lIran de la technologie nucléaire sil stoppait lenrichissement duranium. Ceci représenterait un retournement significatif de la politique des Etats-Unis qui accepteraient que lIran poursuive un programme nucléaire pacifique.
Une offre des Etats-Unis de pièces davions Boeing afin de réparer la flotte civile vieillissante de lIran, qui détient un des pires records daccidents davion dans le monde.
Une offre de participation américaine directe dans les négociations, comme la annoncé Condoleezza Rice, secrétaire dEtat, la semaine dernière. Ce serait la première fois depuis des décennies que lAmérique dialogue directement avec lIran.
Les principaux autres éléments sont européens et comprennent :
Une aide à la construction de réacteurs à eau légère
Des avions Airbus
Un approvisionnement garanti en combustible nucléaire.
Solana a également averti Téhéran que sil refusait de se soumettre, des sanctions seraient appliquées. Il a refusé den donner le détail, y compris pour les sanctions de lONU, afin de préserver cette atmosphère « positive », selon des hauts responsables.
Les liens commerciaux extensifs entre lIran et un grand nombre de pays européens, dont la France, lAllemagne et lItalie, rendent la possibilité de sanctions économiques lourdes très mince. Les responsables de lUE tiennent également à souligner que toutes les pénalités viseraient à épargner les Iraniens ordinaires. Mais des sanctions ciblant les secteurs de lénergie ou de la finance sont possibles.
Sam Bodman, secrétaire américain à lEnergie, a soutenu Solana, en disant hier que le monde pourrait faire face à une interruption des exportations iraniennes « pendant un moment ». LIran est le quatrième exportateur de pétrole au monde, après lArabie Saoudite, la Russie et les USA. Il fournit 5 pourcent de la production quotidienne mondiale mais détient 10 pourcent des réserves connues. Dimanche, layatollah Ali Khamenei, le guide suprême de lIran, a déclaré que le pays stopperait ses exportations de pétrole si les Etats-Unis faisaient un « mauvais pas ».
Hier, après que lIran ait qualifié ces nouvelles propositions de « positives », le prix du pétrole a baissé de 1 $ pour atteindre 72 $ le baril, comparé à la montée en flèche jusquà 75 $ le baril en avril.
Ali Larijani, haut négociateur dans les pourparlers nucléaires, a affirmé que les discussions avaient été constructives et que les « propositions comprenaient des points positifs mais aussi quelques ambiguïtés ».