Reuters, Berlin, 7 juin De Louis Charbonneau LIran doit stopper ses travaux denrichissement daprès la série de mesures incitatives visant à mettre fin au conflit nucléaire avec lOccident, a déclaré lAllemagne mercredi, et trouvera ensuite la porte ouverte pour des négociations sur dautres termes de loffre.
Le chef de la politique étrangère de lUnion Européenne, Javier Solana, a présenté cette offre à Téhéran mardi, accompagné dune délégation de hauts dirigeants des « 3E » (la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne) et de la Russie. LIran a répondu quils y voyaient certains aspects positifs.
« Il sagit dune offre de redémarrage des négociations mais lIran doit dabord appliquer une suspension des activités (denrichissement) », a affirmé la chancelière allemande Angela Merkel à la presse avant son entrevue avec le chef de la politique étrangère de lUnion Européenne, Javier Solana.
« Cest une offre étendue et détaillée. Selon moi, il sagit dune chance énorme et jespère que nous allons pouvoir négocier un peu. »
Les propositions, qui nont pas été rendues publiques mais qui comprennent des avantages et des pénalités, ont pour objectif de persuader lIran dabandonner lenrichissement duranium, un grand nombre de pays craignant que celui-ci soit utilisé pour le développement de bombes atomiques. Téhéran avance que ses ambitions nucléaires sont pacifiques.
Le négociateur nucléaire en chef, Ali Larijani, a déclaré que loffre contenait certains « points positifs » mais sest plaint de certaines ambiguïtés devant être rectifiées.
Merkel a vivement recommandé aux Iraniens de considérer loffre sérieusement, offre qui selon elle constitue lopportunité de parvenir à une résolution pacifique du conflit nucléaire avec lIran qui dure depuis des années.
« Je pense quil sagit dune chance vraiment très importante de résoudre ce conflit diplomatiquement. Tout le monde doit être conscient de sa responsabilité dans ce contexte », a-t-elle dit.
Les dirigeants iraniens ont affirmé que les avantages comprenaient laccès à des pièces davion nécessaires à la rénovation de leur flotte aérienne civile vieillissante et lopportunité dacquérir de la technologie agricole américaine.
Les diplomates de lUE ont affirmé que ces propositions comprenaient une offre de réacteurs nucléaires à eau légère et de garanties de sécurité.
Les diplomates occidentaux ont annoncé que les Etats-Unis ne devaient normalement pas fournir de technologie ou déquipements nucléaires directement à lIran. A la place, ce sont les Européens et les Russes qui seraient les principales parties contractantes.
WASHINGTON PRET A DIALOGUER AVEC LIRAN
Le président Bush a déclaré mardi que la réponse initiale de lIran était encourageante bien quil ait tempéré ses remarques avec prudence.
« Il me semble quil sagit dun pas positif », a affirmé Bush à la presse à Laredo, au Texas. « Jai annoncé que les USA viendraient sasseoir à la table des négociations avec eux tant quils seraient daccord pour suspendre lenrichissement et de manière vérifiable. »
Washington, qui a rompu ses liens avec Téhéran en 1980, désire une solution diplomatique mais refuse dexclure la possibilité dune action militaire.
Le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a mis en garde contre un optimisme excessif et a affirmé quil espérait une décision de lIran avant le sommet du G8 réunissant les ministres des Affaires étrangères à Moscou à la fin du mois de juin.
Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, aurait dit selon lagence de presse russe RIA que les discussions sur une résolution du Conseil de Sécurité de lONU sur lIran seraient suspendues pendant les pourparlers à propos de loffre.
La semaine dernière, un diplomate de lUE participant aux négociations sur la série de mesures offertes à lIran a déclaré que lAllemagne et les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne) étaient tombés daccord sur le fait que Moscou et Pékin ne feraient pas barrage à des sanctions mais pourraient sabstenir den imposer.
Les dirigeants iraniens ont suggéré que Téhéran pourrait négocier sur son projet denrichissement à échelle industrielle mais insisterait pour conserver ses activités de recherche et de développement sans spécifier combien de centrifugeuses seraient nécessaires pour lenrichissement duranium.
Le conflit perturbe les marchés du pétrole, en particulier après que le guide suprême, layatollah Ali Khamenei, plus haute autorité en Iran, ait fait allusion dimanche au fait que le quatrième exportateur de pétrole au monde pouvait se servir du pétrole comme dune arme dans le conflit.
Les prix du brut sont passés mercredi en dessous de 72 $ le baril mais restent extrêmement élevés.
(Article rédigé avec la collaboration du bureau de Moscou)