IranNucléaireNucléaire: l'Iran cultive le flou

Nucléaire: l’Iran cultive le flou

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AP, Le Caire, 11 juin – par Nadia Abou El-Magd – A la veille d’une nouvelle réunion des gouverneurs de l’AIEA, Téhéran a relevé dimanche des « points positifs » et des « faiblesses » dans l’offre des Six sur son programme nucléaire, alors qu’Américains et Européens cherchaient toujours des alliés pour amener l’Iran à suspendre ses activités suspectes d’enrichissement d’uranium.

Ali Larijani, principal négociateur iranien dans ce dossier, a déclaré après un entretien avec le président égyptien Hosni Moubarak au Caire que son pays « n’accepterait pas les menaces » mais était « favorable à des négociations sans conditions ».

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hamid Reza Assefi a relevé des « ambiguïtés » et estimé que « certains points devraient être renforcés » dans la proposition soumise mardi dernier par le représentant des Affaires étrangères pour l’Union européenne, Javier Solana.

Les Six (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Chine, Russie -les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU- plus l’Allemagne) escomptent une réponse dans les prochaines semaines sur ce texte, qui suggère une évolution des positions après plus d’un an de blocage des négociations.

Les Etats-Unis acceptent ainsi des concessions significatives en se déclarant prêts à fournir des technologies nucléaires pacifiques, lever certaines sanctions et participer directement aux pourparlers avec le régime des mollahs. De plus, les Six n’exigent que la suspension, et non l’arrêt permanent, de l’enrichissement d’uranium. La menace de sanctions de l’ONU serait implicite.

De son côté, Téhéran, qui argue de son droit à maîtriser le cycle nucléaire et assure vouloir uniquement produire de l’électricité alors que les Six le soupçonnent de dissimuler un programme militaire, a annoncé qu’il présenterait une contre-proposition et laisse entendre qu’il pourrait accepter un compromis concernant l’enrichissement à grande échelle.

L’uranium, s’il est enrichi à plus de 90%, peut servir à fabriquer des armes nucléaires. Les plus radicaux du régime islamique continuent pour leur part de faire campagne pour le rejet de l’offre dans sa totalité.

On ignore par ailleurs si l’offre des Six mentionne une durée de suspension de l’enrichissement d’uranium. L’Iran pourrait vouloir fixer un délai maximum pour les négociations, tandis qu’Européens et Américains insistent sur la nécessité de « restaurer la confiance » par un arrêt prolongé des activités sensibles.

En attendant que le dossier iranien soit évoqué à Vienne, au siège de l’Agence internationale pour l’énergie atomique, probablement pas avant le milieu de la semaine, Américains et Européens font circuler deux textes pour tenter de persuader les autres membres du conseil des gouverneurs de soutenir leur offre. Ils recherchent surtout l’appui de l’influent Mouvement des Non-alignés, qui comprend notamment l’Inde, l’Egypte, l’Argentine et le Brésil et soutient le droit de l’Iran à enrichir l’uranium.

« Nous encourageons tous les membres du conseil des gouverneurs à appeler fermement l’Iran » à négocier avec les Six, lit-on dans le texte américain, dont l’Associated Press a obtenu une copie auprès de diplomates ayant requis l’anonymat.

Faute de pourparlers, précise le document, les Six « ont convenu d’étudier les mesures à prendre, y compris au Conseil de sécurité, pour amener le régime iranien à changer d’attitude ». L’autre texte élaboré par la troïka européenne (France, Royaume-Uni, Allemagne ou UE3) souligne que « le Conseil de sécurité n’aura d’autre choix que d’accentuer la pression sur l’Iran ».

« La mesure la plus importante pour obtenir la confiance internationale consistera pour l’Iran à s’abstenir de toute activité liée à l’enrichissement et au retraitement jusqu’à ce que la confiance internationale soit rétablie », ajoute l’UE3. Les diplomates interprètent cela comme une suspension qui s’étendrait bien au-delà -des années- de la période des discussions.

Mais même au sein des Six, des divisions pourraient apparaître. Pékin, Moscou et éventuellement Berlin pourraient faire pression sur leurs partenaires pour que l’Iran soit autorisé à enrichir de l’uranium en faible quantité et sous stricte surveillance, plutôt que de risquer l’échec des négociations, en contrepartie de quoi Russes et Chinois pourraient accepter l’idée de sanctions en cas de non-coopération de Téhéran. Le dossier iranien avance mais n’est pas près d’être bouclé.

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