AFP, Téhéran, 25 juin – L’Iran a agité dimanche la menace de l’arme du pétrole « si ses intérêts » étaient « attaqués » à cause de son programme nucléaire, tout en rejetant toute suspension de son enrichissement d’uranium comme condition à la reprise de négociations sur ce dossier.
« Si les intérêts du pays sont attaqués, nous utiliserons toutes nos capacités (pour répondre) et le pétrole est l’une d’elles », a dit le ministre du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, cité par la télévision d’Etat.
L’Iran a refusé jusqu’ici de suspendre l’enrichissement d’uranium et les Occidentaux n’ont pas caché qu’il serait confronté à des sanctions s’il persistait dans son refus.
A ce sujet, le ministre a averti qu' »en cas de sanctions contre le secteur pétrolier de l’Iran (…) le prix du pétrole bondira d’au moins cent dollars » le baril.
De telles mesures seraient « déraisonnables et impossibles » car « le remplacement du quota pétrolier (de l’Iran) et de sa forte présence dans l’industrie du pétrole ne serait pas facilement réalisable », a-t-il jugé.
Selon M. Vaziri-Hamaneh, « le monde a besoin d’énergie ». « Il comprend les effets sur le marché de sanctions pétrolières contre l’Iran, et personne ne prendrait une décision aussi déraisonnable », a-t-il répété.
Les autorités iraniennes ont soufflé le chaud et le froid ces derniers mois sur leur utilisation éventuelle de l’arme du pétrole dans leur conflit avec la communauté internationale sur leur programme nucléaire.
L’Iran est le quatrième producteur mondial de pétrole, et le deuxième au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Les grandes puissances (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) lui ont présenté le 6 juin une offre visant à le convaincre de suspendre l’enrichissement.
Elle comporte des mesures incitatives, notamment d’ordre économique, mais est liée à la condition préalable d’une suspension de l’enrichissement.
Or Téhéran rejette cette condition, comme l’a rappelé dimanche le porte-parole de la diplomatie iranienne Hamid Reza Assefi.
« La question de la suspension de l’enrichissement est un pas en arrière, nous pensons que l’Europe devrait négocier sans condition préalable », a dit M. Assefi lors d’un point de presse.
« Au lieu de poser des conditions préalables qui ne sont pas raisonnables et qui n’ont pas de fondement nous devrions négocier », a-t-il ajouté.
Les grandes puissances ne paraissent pourtant pas prêtes à transiger sur ce point, et attendent une réponse rapide à leur offre, alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a expliqué qu’elle n’interviendrait pas avant la mi-août.
Le ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul, en visite dimanche à Téhéran, a déclaré que la question de la suspension de l’enrichissement « devait être réglée de façon pacifique et politique » et que « cette solution politique était dans l’intérêt de toutes les parties ».
Le ministre, qui s’exprimait devant la presse à l’issue d’un entretien avec son homologue Manouchehr Mottaki, est porteur d’une missive de son Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qu’il doit remettre au président Ahmadinejad.
« Notre regard sur les propositions est sérieux et nous sommes déterminés à régler la question nucléaire iranienne de manière satisfaisante », a déclaré Ali Larijani, responsable du dossier nucléaire, après une rencontre avec M. Gul, selon l’agence Irna.
« Nous sommes en train d’examiner sérieusement l’offre du groupe 5+1 et j’espère qu’on pourra soumettre prochainement les résultats de cet examen », a-t-il dit.
M. Larijani doit prochainement rencontrer le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure, Javier Solana, pour parler de l’offre des grandes puissances.
« La rencontre avec Javier Solana sera utile pour régler certains problèmes », a déclaré M. Larijani, avant d’ajouter que « la date et le lieu de cette rencontre n’ont pas encore été fixés ».