Reuters, Paris, 12 juillet De Saul Hudson et François Murphy Mercredi, les puissances mondiales sont allées au-devant de laffrontement avec les Nations Unies en demandant au Conseil de Sécurité dintervenir à la suite du refus de lIran de répondre à loffre avantageuse visant à sortir de limpasse de son programme nucléaire.
La décision de renvoyer le dossier de lIran aux Nations Unies a été prise par les ministères des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité (les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Chine), plus lAllemagne.
Ce processus pourrait déboucher sur des sanctions économiques contre lIran mais nouvre pas la voie pour une éventuelle action militaire.
« Nous navons pas dautres choix que de revenir au Conseil de Sécurité des Nations Unies », a déclaré le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, après avoir rencontré ses cinq homologues.
LIran a été renvoyé devant le Conseil de Sécurité plus tôt cette année, mais le travail sur une résolution de lONU a été suspendu en mai afin de permettre aux dirigeants iraniens de répondre à loffre davantages.
Les chefs dEtat des puissances mondiales espéraient que le paquet allait persuader Téhéran dabandonner son programme denrichissement duranium et désiraient ainsi une réponse claire avant le sommet ce week-end du Groupe des Huit nations industrialisées en Russie.
LIran a annoncé quil ne donnerait pas de réponse avant le 22 août.
Mais les six ministres des Affaires étrangères réunis à Paris ont affirmé quils nétaient pas prêts à laisser Téhéran traîner les pieds et ont demandé à la place au conseil composé de15 nations dordonner à lIran de suspendre toutes ses activités denrichissement nucléaire, pouvant produire du combustible soit pour des centrales nucléaires, soit pour des armes.
LIran insiste sur le fait que son programme a pour unique objectif la génération délectricité.
« Les Iraniens nont donné absolument aucun indice de leur volonté à discuter sérieusement du contenu de la proposition », a affirmé Douste-Blazy.
UNE RESOLUTION RAPIDE
A New York, lambassadeur américain aux Nations Unies, John Bolton, a déclaré quil espérait une action du Conseil au début de la semaine prochaine pour une résolution exigeant la suspension de lenrichissement iranien.
Les grandes puissances du conseil devraient commencer à se consulter plus tard dans la journée sur la façon de procéder, a-t-il dit.
Si lIran ignore les Nations Unies et continue denrichir de luranium, les puissances mondiales ont promis de nouvelles mesures en vertu de lArticle 41 du Chapitre 7 de la Charte de lONU, qui prévoit des sanctions économiques mais pas daction militaire.
« Nous avons pris (lIran) au mot aujourdhui. Nous avons dit Non, nous nallons pas nous bercer de fausses espérances », a déclaré un haut responsable américain qui accompagnait la secrétaire dEtat américaine, Condoleezza Rice, à Paris.
La Russie et la Chine ne vont probablement accepter aucune mesure ferme vis-à-vis de lIran et le ministre des Affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, a affirmé que lusage de la force contre lIran était « absolument exclu ».
Cependant, lagence de presse Interfax la cité disant : « Nous sommes déçus par labsence de réaction positive de la part de lIran ».
Le ministre des Affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeier, a déclaré à la presse que les puissances mondiales espéraient toujours la négociation dun accord. « Nous navons pas définitivement fermé la porte aux négociations », a-t-il dit.
Prenant la parole peu avant la réunion des ministres des Affaires étrangères, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a affirmé que lIran était prêt à dialoguer dans une « atmosphère équitable » sur son programme nucléaire mais quil ne cèderait pas sur ce quil considère comme les droits de la nation.
Les avantages offerts par les puissances mondiales incluent de la technologie de réacteur, un approvisionnement en combustible garanti et des avantages économiques si lIran accepte de stopper lenrichissement duranium. Le paquet na cependant pas encore été rendu public.
« Nous ressentons tous une grande frustration face au refus des négociateurs iraniens à sengager et à prendre en considération les points qui leur ont été clairement proposés par la communauté internationale », a affirmé la ministre des Affaires étrangères britannique, Margaret Beckett.
(Article rédigé en collaboration avec Louis Charbonneau à Berlin, Jon Boyle, James Mackenzie et Kerstin Gehmlich à Paris et Irwin Arieff aux Nations Unies)