Bloomberg, 22 novembre De Andy Critchlow et Will McSheehy Le Japon, deuxième importateur de pétrole dans le monde après les Etats-Unis, a décidé de bloquer son financement dun montant de 10 milliards de dollars dans des projets en Iran jusquà ce que le pays se soumette aux demandes de suspension de son programme nucléaire, selon un haut responsable.
« De nouveaux projets, non merci », a déclaré aujourdhui à la presse Fumio Hoshi, directeur général de la banque dEtat Japan Bank for International Cooperation. Les prêts cesseront « jusquà ce que les négociations entre lIran, les Européens et les USA débouchent sur un résultat convenable ».
Inpex Holding Inc., la plus importante compagnie pétrolière du Japon, a déclaré le 6 octobre quelle abandonnait le projet de champ pétrolier dAzadegan en Iran en raison de différends avec le ministère du Pétrole du pays. Il se peut que lIran ait offert à la Chine et à la Russie laccès au champ dAzadegan en échange de leur soutien aux Nations Unies, qui envisagent actuellement des sanctions contre le programme nucléaire de lIran.
La République islamique, qui détient les plus grandes réserves mondiales de pétrole après lArabie Saoudite, refuse de mettre un terme à son programme denrichissement, ce qui pousse les USA et certaines nations européennes à réclamer au Conseil de Sécurité des Nations Unies dimposer des sanctions.
Les USA suspectent la volonté de lIran de produire de luranium enrichi dêtre un prélude au développement de la bombe nucléaire, en violation du Traité de Non-prolifération que lIran a signé.
LIRAN A BESOIN DE YENS
Le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad a besoin de linvestissement japonais pour accroître sa production de pétrole à 4,6 millions de barils par jour avant 2010.
« Sil ny a plus de financement japonais, je pense que les Iraniens devront identifier les projets prioritaires en en achevant certains à 80 pourcent environ et en remettant à plus tard ceux encore en phase primaire », a expliqué Manouchehr Takin, expert au Center for Global Energy Studies, dans une interview téléphonique aujourdhui depuis Londres.
Un haut responsable du ministère iranien des Finances et des Affaires économiques, contacté aujourdhui à Téhéran, a refusé de faire des commentaires ou dêtre cité. Noboru Tezuka, directeur général dInpex en Iran, a également refusé toute interview aujourdhui à Dubaï.
Le Japon a besoin du projet dAzadegan, dune valeur de 2,5 milliards de dollars, pour parvenir à obtenir 40 pourcent de ses importations de pétrole sous son contrôle. Le plus grand importateur asiatique de pétrole a acquis 13,8 pourcent de son pétrole brut dIran en 2005, faisant de cette nation moyen-orientale la troisième source de brut du Japon.
Japan Bank, créancier pour pays étrangers du gouvernement japonais, a investi à ce jour plus de 10 milliards de dollars dans neuf projets en Iran, la plupart dans les industries pétrochimiques et de gaz. La Japan Bank for International Cooperation a avancé léquivalent de 18 milliards de dollars.
LES BANQUES SUISSES DISENT « STOP ! »
Les Etats-Unis, qui imposent déjà des sanctions à Téhéran, veulent que le Conseil de Sécurité de lONU sévisse contre lIran qui a refusé de respecter la date butoir du 31 août pour suspendre lenrichissement duranium, en imposant un embargo économique.
Crédit Suisse Group et UBS AG, les plus grandes banques suisses, ont déclaré en janvier quelles ne traiteraient plus avec lIran après avoir étudié les risques de la situation du pays.
UBS est allé plus loin que Crédit Suisse en annonçant la clôture de tous les comptes appartenant à des individus ou à des sociétés en Iran et la fin du financement commercial dans le pays.
Total SA, ENI SpA et Statoil ASA font partie des compagnies pétrolières internationales à avoir mené à bien des projets en Iran bien que leurs concurrents américains naient pas le droit de travailler ici.
BP Plc évite de faire des affaires en République islamique de peur de représailles de la part des USA qui interdit aux compagnies pétrolières dinvestir directement en Iran. Le président-directeur général de BP, Lord Browne, a qualifié lannée dernière le fait de traiter avec lIran d « offense ».