The New York Times, Francfort, 23 novembre de Mark Landler Après plusieurs jours de négociations mouvementées, lAgence internationale de lEnergie atomique semble décidée à rejeter la demande daide de lIran concernant un réacteur à eau lourde qui produirait du plutonium comme sous-produit, ont annoncé mercredi plusieurs diplomates.
Cette décision, qui pourrait être ratifiée jeudi par les 35 membres du conseil des gouverneurs de lagence, est rédigée avec soin afin de préserver lunité, selon les diplomates.
Plutôt que de rejeter la requête de lIran directement, le conseil a lintention de retirer cet élément dun paquet contenant plusieurs centaines dautres demandes dassistance technique, qui sera ensuite adopté par consensus, ont expliqué les diplomates. LIran pourra redéposer une demande dès 2008.
Les diplomates se sont exprimés sous couvert de lanonymat, ne désirant faire aucun commentaire public avant le vote.
Le débat autour du réacteur, situé près dArak, est particulièrement sensible parce quil met en jeu une partie du programme de lagence, lassistance technique pour le développement pacifique de lénergie nucléaire, qui est dordinaire moins politique.
LIran affirme que ce réacteur à eau lourde a pour objectif de produire des isotopes radioactifs à des fins médicales. Les partisans de lIran ont avancé que le fait de rejeter cette requête politiserait le travail dassistance technique de lagence, celle-ci affirmant navoir aucune raison légale de repousser lIran.
Cependant, les Etats-Unis, les pays européens et dautres nations du conseil, de plus en plus méfiants à légard des ambitions nucléaires de lIran, refusent catégoriquement daider lIran avec une usine qui produirait du plutonium, combustible utilisé dans les armes nucléaires.
Les Etats-Unis ne font aucun secret de leur opposition. « Etant donné les décisions passées du conseil, la méfiance générale à légard du programme nucléaire de lIran et le risque que le plutonium soit ensuite utilisé dans le développement darmes, les USA, lEurope et les autres membres du conseil ne sont pas daccord pour que lAIEA apporte son aide au projet dArak », a affirmé Matthew Boland, porte-parole de la mission des Etats-Unis à Vienne, où lAgence de lEnergie atomique est basée.
Lagence est préoccupée depuis longtemps par ce réacteur à Arak, en construction dans le désert au sud-ouest de Téhéran, et a demandé à plusieurs reprises à lIran dabandonner ce projet. Mais le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a inauguré lusine en août, en déclarant : « Le peuple iranien est déterminé à avancer à grands pas ».
Cest principalement la partie concernant lenrichissement duranium du programme nucléaire iranien qui fait lobjet dune surveillance attentive, car comme le plutonium, luranium est un combustible utilisé dans les armes nucléaires. Les hauts responsables de lagence ont fait remarquer que la demande de lIran ne contribuait pas aux activités liées à lenrichissement ou au retraitement.
Toutefois, les experts en prolifération nucléaire affirment que le plutonium est potentiellement plus dangereux que luranium car une quantité moindre de celui-ci est nécessaire pour produire une explosion significative.
On ne sait pas exactement comment le conseil de lagence a mené la diplomatie à sa réunion jeudi.
« On ne sait pas si le texte va dire que le programme est reporté ou sil va simplement tomber dans loubli », a affirmé un autre diplomate. Parmi les pays les plus engagés dans le débat, ce dernier a cité la France, qui sest opposée à la requête de lIran, et également Cuba, qui soutient Téhéran.
Une ébauche du rapport de la réunion du comité dassistance technique de lagence, qui a eu lieu lundi et mardi, fait allusion aux divisions entre les membres. Certains pays, selon le rapport, ont menacé de retirer leur soutien au programme dassistance tout entier si le projet dArak y était inclus.
Dautres affirment que la requête de lIran ne doit pas être victime des « circonstances politiques, économiques, militaires ou autres ». Ils considèrent lopposition à lIran comme étant partiale et susceptible dendommager la crédibilité de lagence.