AFP, Téhéran, 15 janvier – Téhéran s’est dit lundi déterminé à poursuivre ses ambitions nucléaires et à installer au moins 3.000 centrifugeuses, au lendemain d’un discours du président américain George W. Bush qualifiant l’Iran de « menace » pour la région.
« Nous allons vers une production de combustible nucléaire qui nécessite 3.000 et même davantage de centrifugeuses », a déclaré Gholamhossein Elham, porte-parole du gouvernement, au cours d’un point-presse.
« Notre objectif est d’assurer nos besoins industriels », a-t-il poursuivi, en réponse à une question sur l’installation de centrifugeuses sur le site d’enrichissement de Natanz (centre).
« Nous sommes en train de compléter (notre programme nucléaire) et nous allons l’annoncer dans quelque temps, lors de la décade de Fajr », qui correspond aux cérémonies célébrant la victoire de la révolution islamique de 1979, prévues du 1er au 11 février, a ajouté M. Elham.
M. Elham a précisé que les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) étaient informés « des travaux accomplis ».
Actuellement, le site de Natanz dispose de deux cascades de 164 centrifugeuses qui enrichissent de l’uranium à environ 5%, un niveau nécessaire pour la fabrication du combustible destiné aux centrales nucléaires civiles.
L’Iran soutient que ce programme est purement civil, mais les Etats-Unis, notamment, craignent qu’il ne dissimule un objectif militaire.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté fin décembre une résolution imposant des sanctions contre les programmes nucléaire et balistique de l’Iran après son refus de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.
Les déclarations de M. Elham semblent donc défier la communauté internationale, d’autant qu’elles interviennent au lendemain de nouvelles accusations américaines portées contre Téhéran, notamment sur son rôle en Irak.
« Un échec en Irak renforcerait la position de l’Iran, qui représente une menace significative pour la paix mondiale », a déclaré le président américain lors d’un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS.
« Je pense que ce que disent (les officiers américains), c’est que les Iraniens fournissent du matériel qui tue des Américains, et cela, c’est inacceptable », a ajouté George W. Bush.
De son côté, le vice-président Dick Cheney a estimé « très important » que les autorités iraniennes « gardent leurs hommes chez eux ». « Nous ne voulons pas qu’ils puissent essayer de déstabiliser la situation en Irak », a-t-il dit sur Fox.
La tension entre les deux ennemis — qui n’ont plus de relation diplomatique depuis 1979 — est montée la semaine dernière après l’arrestation de cinq Iraniens par les forces américaines en Irak.
Les Etats-Unis ont interpellé jeudi cinq membres du « bureau de liaison » d’Iran à Erbil, au Kurdistan irakien, les accusant d’être liés aux Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime.
L’Iran a affirmé que ces hommes étaient des « employés officiels » travaillant au « consulat » iranien à Erbil. L’Iran et le gouvernement irakien ont demandé la libération immédiate de ces hommes.
« Nous avons communiqué avec l’ambassade américaine en Irak et avec le commandement de la force multinationale pour demander leur libération s’ils sont innocents », a déclaré le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari sur CNN.
« Les Américains sont en train de fuir la région et pour sauver la face, ils profèrent des insultes », a déclaré M. Elham.
Il a ajouté que « si les Etats-Unis avaient la volonté de quitter la région (…) on pourrait pardonner leurs injures ».