AFP, 15 janvier – Le nouveau secrétaire américain à la Défense Robert Gates a lancé à son tour une mise en garde à peine voilée à l’Iran, en présentant lundi le renforcement de la présence militaire américaine dans le Golfe comme un signal adressé à la République islamique.
« Nous voulons simplement faire comprendre à tous les pays de la région que nous allons être présents dans le Golfe pour une longue période », a déclaré M. Gates à l’issue d’une rencontre avec le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer.
Le message vise particulièrement l’Iran qui a « une attitude très négative dans bien des domaines », a expliqué M. Gates, lors de sa première visite au siège bruxellois de l’Alliance atlantique depuis qu’il a succédé le 18 décembre à Donald Rumsfeld au ministère américain de la Défense.
Les propos de Robert Gates rejoignent ceux du président George W. Bush et de son vice-président Dick Cheney, qui ont exhorté dimanche les autorités iraniennes à ne pas se mêler des affaires irakiennes, affirmant que Téhéran représentait une menace croissante pour l’ensemble de la région.
« Les Iraniens croient qu’ils peuvent faire pression sur nous » à cause des difficultés américaines en Irak, a observé M. Gates.
Téhéran « ne fait rien de constructif en Irak » et appuie « les efforts du Hezbollah (chiite libanais) pour ouvrir un nouveau conflit au Liban », a renchéri M. Gates, faisant également référence au programme iranien d’enrichissement d’uranium, suspecté de servir le projet de Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.
Les Etats-Unis ont annoncé la semaine dernière qu’ils allaient déployer pendant des mois deux porte-avions avec leurs groupes aéronavals dans le Golfe, et qu’un bataillon de défense aérienne équipé de missiles antimissiles Patriot serait également envoyé dans la région.
La tension entre les Etats-Unis et l’Iran a redoublé ces derniers jours avec l’arrestation par l’armée américaine en Irak de cinq Iraniens, accusés par Washington « d’être étroitement liés aux activités visant l’Irak et les forces de la coalition » dans ce pays.
Dimanche, Dick Cheney a dressé pour la chaîne de télévision Fox la longue liste des faits reprochés à l’Iran.
« Ils poursuivent l’acquisition d’armes nucléaires. Plus de 20% de l’approvisionnement en pétrole du monde passe par leur pays chaque jour, ils utilisent le Hezbollah comme un substitut, ils essayent d’empêcher tout gouvernement démocratique en Iran, ils interfèrent dans le processus de paix (au Proche-Orient) », a souligné le vice-président, pour lequel « la menace grandit ».
En réponse à la multiplication des accusations américaines au plus haut niveau, l’Iran semble maintenir imperturbablement le cap.
Téhéran s’est dit lundi déterminé à poursuivre ses ambitions nucléaires et à installer au moins 3.000 centrifugeuses pour enrichir l’uranium.
Au même moment, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dénoncé par M. Cheney pour sa vision « apocalyptique » du monde, poursuivait une tournée en Amérique latine dans des pays dirigés par des adversaires plus ou moins déclarés des Etats-Unis, comme le Vénézuélien Hugo Chavez, bête noire de Washington, ou encore Daniel Ortega, ex-guérillero marxiste réélu récemment à la présidence du Nicaragua.
Après son escale à Bruxelles, qui lui a permis de préparer avec M. de Hoop Scheffer la réunion des ministres de la Défense de l’Otan les 8 et 9 février à Séville (Espagne), M. Gates devait poursuivre sa tournée de contacts, notamment en Afghanistan.