AFP, Vienne, 5 janvier – L’AIEA va pouvoir enfin inspecter prochainement des installations militaires, potentiellement suspectes, en Iran, un pays qui a bien suspendu l’enrichissement d’uranium, a déclaré mercredi à l’AFP le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique Mohamed ElBaradei.
M. ElBaradei, dont Washington souhaite le départ en 2005, a pressé la communauté internationale de « prendre le taureau par les cornes » pour beaucoup mieux contrôler la diffusion de technologies nucléaires lors de la révision du Traité de non-prolifération en mai.
Il faut éviter que « 30 à 40 pays » ne deviennent capables de transformer en quelques mois leurs capacités nucléaires en force nucléaire, a-t-il estimé.
Les inspecteurs de l’AIEA « comptent visiter dans les prochaines semaines Parchine », un complexe militaire à 30 km de Téhéran, a-t-il dit.
Récemment un haut responsable américain a affirmé craindre que des tests menés sur des explosifs de forte puissance « puissent concerner des armes » nucléaires. Il s’agirait, selon ce responsable, de tests à blanc pour la charge explosive détonant une bombe atomique.
L’Iran a démenti. Ce pays maintient que son programme nucléaire est strictement civil, contrairement à ce que pense Washington qui souhaiterait d’éventuelles sanctions du Conseil de sécurité.
Pendant huit mois, Téhéran s’était refusé à laisser visiter Parchine, où sont exécutés des projets de défense.
« L’important pour nous est de nous assurer qu’il n’y ait pas de matières (nucléaires) là bas », a déclaré le directeur-général de l’AIEA. « Nous voulons aller aussi loin que possible dans le cadre de notre mandat », et « nous tentons de comprendre s’il existe un lien quelconque avec un programme d’armements ».
Selon des experts, il est possible qu’aucune matière radioactive ne se trouve à Parchine, si seulement des simulations y sont menées.
Mais la visite devrait aider M. ElBaradei à combattre des accusations selon lesquelles il aurait été trop accommodant avec l’Iran dans ses rapports sur la république islamique.
D’une manière générale, l’Iran honore l’engagement pris fin novembre de suspendre l’enrichissement d’uranium, a estimé Mohamed ElBaradei: « La suspension est toujours appliquée ».
L’uranium hautement enrichi peut servir à des fins civiles ou militaires.
Sur demande du conseil des gouverneurs de l’AIEA et en échange d’un accord de coopération avec trois grands pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne), l’Iran a accepté de geler les activités liées à l’enrichissement.
Téhéran poursuit certes pour des raisons techniques des activités de conversion préalables à l’enrichissement qui avaient été commencées avant cet accord: mais, a noté M. ElBaradei, les Iraniens ont dit à l’AIEA que cela « serait achevé en février ».
Les produits et les machines pour le processus de conversion seront alors placés « sous notre contrôle ».
D’autre part, M. ElBaradei a estimé que si des écoutes américaines de ses conversations avec des diplomates iraniens étaient avérées « ce serait une violation majeure de notre indépendance », « de notre succès, de notre crédibilité », portant un coup « au multilatéralisme et au système des Nations unies ».
Les Etats-Unis ont placé sur écoutes M. ElBaradei, espérant obtenir des arguments pour le discréditer et le faire partir, avait rapporté le Washington Post le 12 décembre.
M. ElBaradei, un diplomate égyptien de 62 ans ans qui dirige l’AIEA depuis 1997, brigue un troisième mandat en 2005.
Mais la Maison Blanche refuse parce que la règle impose aux directeurs des agences de l’Onu de partir au terme de deux mandats.
En fait, les Etats-Unis estiment qu’il n’est pas assez ferme avec l’Iran, mais ils ont du mal à trouver un candidat de rechange, selon des sources diplomatiques concordantes.
ElBaradei annonce une visite clé en Iran
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