Le Figaro, 25 avril – Par Alexandrine Bouilhet – DEUX MOIS après avoir abandonné ses discussions avec les Iraniens, sur fond de sanctions décrétées par l’ONU contre Téhéran, Javier Solana retrouve aujourd’hui, à Ankara, Ali Larijani, le négociateur en chef iranien chargé du nucléaire. Prévue pour durer deux jours, cette réunion, la première à se dérouler sous les auspices turcs, est qualifiée, de part et d’autre, de « très importante ».
Mandaté depuis juin 2006 par les Européens et les Américains, le haut responsable de la politique étrangère de l’UE tente d’obtenir de Téhéran la suspension totale de son programme d’enrichissement d’uranium. Jusqu’ici, ses tentatives de médiation ont échoué, ce qui n’encourage pas les chancelleries européennes à l’optimisme. Malgré les sanctions imposées par l’ONU, l’Iran s’obstine sur la voie du nucléaire, au point d’annoncer, par la voix de son président Ahmadinejad dans une interview à Reuters, que l’Iran « est entré dans le club nucléaire et (que) tout le monde doit l’accepter ».
CAROTTE ET BATON
À la veille de la réunion d’Ankara, le chef de la diplomatie européenne fait contre mauvaise fortune bon coeur. « La situation est suffisamment mûre pour essayer encore, de se rencontrer » indique-t-il. Si Solana garde espoir, c’est parce que les sanctions de l’ONU, adoptées en décembre, puis aggravées en mars, commencent à produire leur effet. La situation économique se dégrade en Iran. La pression politique s’accroît sur les plus conservateurs du régime, appelés à faire preuve d’ouverture.
La contrainte occidentale est d’autant plus forte que les États-Unis et l’UE vont au-delà des sanctions de l’ONU. Washington a obtenu un durcissement généralisé des conditions de crédits à l’Iran et l’Union a adopté, lundi à Luxembourg, un nouveau train de sanctions, plus sévère que celles prévues par la résolution 1773. Aiguillonnés par Londres et Paris, les Vingt-Sept ont ajouté à la liste noire onusienne quinze responsables iraniens désormais interdits de visa et treize entités, notamment filiales d’entreprises de défense, dont les avoirs sont gelés. Par ailleurs, les ventes d’armes et les transferts de technologies à double usage restent interdits. À la longue, les entrées de devises risquent de manquer à l’Iran.