Reuters, Berlin, 5 juin – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a mis en garde mardi le Conseil de sécurité de l’Onu contre l’adoption de nouvelles sanctions contre l’Iran, jugeant qu’une telle initiative reviendrait à « jouer avec la queue d’un lion ».
« Ils devraient prendre conscience que l’Iran est un grand pays. Certains disent que l’Iran est comme un lion assis calmement dans un coin. Nous leur conseillons de ne pas jouer avec la queue d’un lion », a déclaré Ahmadinejad à des journalistes étrangers, à la veille de l’ouverture du sommet du G8, au cours duquel la crise iranienne sera évoquée.
Le refus de l’Iran de suspendre son programme d’enrichissement d’uranium a conduit le Conseil de sécurité de l’Onu à adopter deux trains de sanctions contre Téhéran en décembre et en mars.
L’Agence internationale de l’Energie atomique a rapporté que la république islamique n’avait pas respecté une nouvelle date-butoir, fixée au 24 mai, pour l’arrêt de son programme nucléaire. Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont prévenu le 30 mai qu’ils pourraient réclamer de nouvelles « mesures appropriées », la formule diplomatique pour des sanctions.
Les Etats-Unis et leurs alliés soupçonnent l’Iran de dissimuler un volet militaire dans son programme nucléaire, ce que dément Téhéran.
Ahmadinejad a toutefois assuré que d’éventuelles sanctions supplémentaires ne modifieraient pas le caractère irréversible du programme nucléaire iranien.
« Ils ont constaté que les précédentes sanctions n’avaient aucun effet sur les activités nucléaires de l’Iran et nous leur avons dit de ne pas choisir cette voie. Ils ne peuvent porter atteinte à notre nation », a dit le président iranien.
L’ALLEMAGNE, MAILLON FAIBLE?
Par ailleurs, le principal négociateur iranien dans le domaine nucléaire, Ali Larijani, a rencontré mardi à Berlin le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, dont le pays accueille à partir de mercredi le sommet du G8.
Prié de dire si des progrès avaient été accomplis lors de cet entretien, le chef de la diplomatie allemande a répondu: « Je ne peux pas dire cela (…) Je ne peux pas vous dire si nous parviendrons à un résultat. »
Larijani avait rencontré Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, la semaine dernière à Madrid et rien n’était sorti de cette entrevue.
D’après des diplomates, l’Iran espère convaincre l’Allemagne de défendre lors du sommet du G8 une approche plus souple à l’égard de Téhéran, notamment une solution provisoire à la crise qui ne passerait pas par un arrêt complet du programme iranien, comme l’exigent jusqu’à présent les puissances occidentales.
« Ils considèrent l’Allemagne comme le maillon faible », a confirmé mardi un diplomate européen.
Il semble toutefois peu probable de voir la chancelière allemande Angela Merkel prendre ses distances sur le sujet avec les Etats-Unis et ses alliés européens.
Bernard Kouchner, nouveau locataire du Quai d’Orsay, a quant à lui approuvé mardi l’intransigeance de Solana et a estimé que le problème était loin d’être résolu.
A Londres, où il assiste à une conférence internationale sur l’énergie, Luis Echavarri, Directeur général de l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), s’est par ailleurs dit convaincu de la nature militaire du projet nucléaire iranien.
« Mon avis personnel, c’est qu’on ne peut expliquer ce que les Iraniens font depuis 20 ans si ce n’est pour se doter d’armes nucléaires », a-t-il déclaré.