AFP, Vienne, 12 juin – L’AIEA juge que l’Iran pourrait exploiter 8.000 centrifugeuses d’enrichissement d’uranium d’ici à la fin de l’année, aggravant les craintes que ce pays ne cherche à se doter de l’arme nucléaire, ont indiqué mardi des diplomates à l’AFP.
« La préoccupation est que les Iraniens vont disposer d’un nombre +sensible+ de centrifugeuses sans avoir levé les interrogations » sur la finalité de leur programme nucléaire, a déclaré un diplomate proche de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en marge d’une réunion à Vienne.
« Plus ils en ont, plus cela devient sensible. Les préoccupations en matière de prolifération s’accroissent », a-t-il ajouté.
L’Iran exploitait plus de 1.300 centrifugeuses le 13 mai dans son centre de Natanz, selon un rapport remis par le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, au Conseil de sécurité des Nations unies.
Selon un haut diplomate proche de l’AIEA, la République islamique pourrait porter ce chiffre à 3.000 dès fin juin ou fin juillet, une échelle industrielle qui lui permettrait d’enrichir assez d’uranium en un an pour fabriquer une bombe nucléaire, selon les experts.
Lors d’entretiens privés avec des décideurs politiques, « M. ElBaradei affirme que l’Iran exploitera 8.000 centrifugeuses au rythme actuel » de construction de son usine de Natanz, a précisé le premier diplomate.
Le patron de l’AIEA « est de plus en plus inquiet en termes de prolifération », car l’Iran « fait des progrès constants en matière d’enrichissement et ne montre aucun signe de ralentissement » de ses activités, a souligné cette source.
« Si les Iraniens veulent exploiter un tel nombre de centrifugeuses, ils vont probablement y parvenir », a estimé une autre source diplomatique proche de l’AIEA.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté ces derniers mois deux résolutions sanctionnant l’Iran pour son refus de geler son programme d’enrichissement d’uranium, sans toutefois parvenir à infléchir la politique de Téhéran.
L’AIEA, qui tente depuis plus de quatre ans de lever les zones d’ombre sur le programme nucléaire iranien, n’est pas parvenue à ce jour à s’assurer que celui-ci est à finalité strictement pacifique, comme l’affirme Téhéran.
Le dossier est à l’ordre du jour d’une réunion des 35 pays membres de l’exécutif de l’agence cette semaine à Vienne. M. ElBaradei avait souhaité à l’ouverture de cette réunion que soit « désamorcée » l’escalade dans ce dossier.
Washington affirme toujours privilégier une solution diplomatique dans ce dossier mais n’a pas exclu une option militaire et a déployé d’importantes forces navales dans le golfe persique.