AFP, Alger, 6 août – Par Hassen ZENATI – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a entamé lundi une visite d’Etat de deux jours en Algérie pour s’assurer du soutien d’Alger sur le dossier nucléaire iranien et conforter les relations bilatérales convalescentes.
M. Ahmadinejad a eu dès son arrivée un tête-à-tête avec le président Abdelaziz Bouteflika. Les entretiens devaient porter sur « le raffermissement des relations bilatérales ainsi que les questions internationales », selon une source algérienne.
Parmi les dossiers au programme figure la controverse nucléaire iranienne avec l’Occident. Selon le quotidien L’Expression, M. Ahmadinejad va tenter de de « rompre son isolement » en s’assurant du soutien d’Alger.
L’Iran avait tenu l’Algérie informée des développements de ce contentieux par deux émissaires de haut rang dépêchés en 2006: Ali Laridjani, principal négociateur du dossier nucléaire, et Manoucher Mottaki, ministre des Affaires étrangères.
« Ces visites avaient essentiellement pour but d’informer l’Algérie de l’évolution de la crise du nucléaire iranien et de s’assurer de son soutien et de sa solidarité », a indiqué lundi une source diplomatique algérienne.
L’Algérie est favorable à la non-prolifération nucléaire et à la dénucléarisation de l’Afrique et du Proche-Orient. Elle s’est également prononcée pour l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques par les pays en développement.
Le président Bouteflika avait vigoureusement plaidé en faveur de l’usage par l’Afrique des technologies nucléaires au service du développement, en janvier à Alger, lors d’une conférence africaine sur les applications pacifiques de l’énergie nucléaire, en présence du Directeur général de l’Agence internationale à l’énergie atomique (AIEA) Mohammed el-Baradei.
L’Algérie dispose de deux réacteurs nucléaires expérimentaux en activité depuis 1995 à Draria (Alger) et Ain Ouessara (centre sud). Ils sont sous garantie de l’AIEA.
Alger a passé en juin un accord sur le nucléaire civil avec les Etats-Unis et examine une proposition similaire de Paris. Selon Téhéran, lors d’une visite en Iran en novembre 2006, le ministre algérien de l’Energie Chakib Khelil avait « sollicité officiellement » l’aide de l’Iran dans ce domaine.
Les entretiens de M. Ahmadinejad porteront aussi sur les relations économiques bilatérales, la coopération énergétique, en particulier le gaz, la situation au Proche-Orient et au Sahara Occidental ainsi que sur la coopération dans la lutte contre le terrorisme, selon des sources algériennes.
Une rencontre entre hommes d’affaires iraniens et algériens est prévue. Une banque iranienne doit être autorisée à s’installer en Algérie, tandis que l’Iran est intéressé par les marchés algériens de l’automobile et du logement, en pleine expansion.
Les échanges commerciaux algéro-iraniens avoisinant les 7 millions USD restent modestes. Un protocole d’accord a été signé en juin 2007 entre la société algérienne de fabrication et de montage de véhicules Famoval et le groupe iranien « Iran Khodro Industrial Group » portant sur la réalisation d’une chaîne de montage de minibus, qui doit être opérationnelle à partir de 2008.
La normalisation des relations entre l’Algérie et l’Iran, gelées en 1991 en raison du soutien apporté par Téhéran aux islamistes algériens, a été jalonnée par une visite d’Etat du président Bouteflika à Téhéran en 2003 et d’une visite similaire du président Mohammed Khatami en octobre 2004 en Algérie.