Le Monde, 24 octobre par Natalie Nougayrède – Le président George Bush a qualifié, mardi 23 octobre, d' »urgente et réelle » la « nécessité d’une défense antimissile en Europe » face à l’Iran, pays qui « pourrait développer avant 2015 un missile balistique intercontinental capable d’atteindre les Etats-Unis et toute l’Europe ». Il s’exprimait lors d’un discours devant l’Université de la défense nationale à Washington, consacré aux questions de sécurité, à un moment où Washington multiplie les mises en gardes à la République islamique à propos de l’Irak, du terrorisme et du dossier nucléaire.
Evoquant la menace balistique iranienne, M. Bush a estimé que « s’il choisit de le faire, et si la communauté internationale ne prend pas des mesures pour l’en empêcher, il est possible que l’Iran ait cette capacité. Nous devons prendre cela très au sérieux ». « En 1972, seuls neuf pays avaient des missiles balistiques, a-t-il ajouté. Aujourd’hui, le nombre a atteint 27, et il inclut des régimes hostiles qui ont des liens avec des terroristes. »
Le même jour, le secrétaire à la défense américain, Robert Gates, a indiqué, à Prague, que les Etats-Unis pourraient « activer » les sites du bouclier antimissile qu’ils veulent installer en Europe centrale seulement au moment où ils auraient « la preuve concrète » de nouvelles capacités balistiques iraniennes. Le commentaire, qui n’impliquait pas un renoncement à la construction des sites, semblait destiné à lever les objections de la Russie face à ce projet.
GORDON BROWN POUR DES SANCTIONS ACCRUES
Alors que Washington appelait ainsi ses alliés à contrer le danger de l’Iran, des discussions, mardi à Rome, entre le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, et une délégation iranienne, portant sur le dossier nucléaire, étaient qualifiées de « constructives » par les participants.
Toutefois, aucune annonce n’a été faite à propos de la question de la suspension de l’enrichissement d’uranium condition fixée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour que des négociations d’ampleur puissent s’engager entre les grandes puissances et l’Iran.
M. Solana, qui, à cette occasion, a fait connaissance avec le nouveau négociateur iranien sur le nucléaire, Saïd Jalili, a annoncé que, « très probablement », une nouvelle rencontre aurait lieu « avant la fin du mois de novembre ».
M. Jalili a, pour sa part, indiqué que sa ligne serait « la même » que son prédécesseur, Ali Larijani, présent à Rome. Quelques heures avant cette rencontre, le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, avait réitéré une position sans concession, affirmant que son pays ne « marchanderait pas » son « droit » à un programme nucléaire.
A Londres, mardi, le premier ministre britannique, Gordon Brown, qui recevait son homologue israélien, Ehoud Olmert, s’est prononcé pour des sanctions accrues contre l’Iran, à l’ONU et au niveau européen.