AFP, Bruxelles, 8 novembre – Le diplomate en chef de l’UE Javier Solana, qui tente depuis des mois de convaincre Téhéran de suspendre l’enrichissement d’uranium, prône la « création d’un centre international d’enrichissement » où tous les pays pourraient s’approvisionner en uranium enrichi.
« La seule façon de résoudre durablement ces problèmes est via une solution multilatérale, via la création d’un centre international d’enrichissement sous supervision multilatérale. Tous les Etats auraient accès à ce combustible enrichi dans des conditions d’égalité et à des prix compétitifs », souligne M. Solana dans un discours diffusé jeudi à Bruxelles et prononcé mercredi devant un institut madrilène.
Le Haut représentant pour la politique extérieure de l’UE souligne que le système actuel de non-prolifération, fondé sur un « subtil équilibre » entre non-prolifération, transfert de technologie et désarmement, est en danger.
« Le problème tient à la perception par de nombreux pays qu’il y a déséquilibre entre ces trois éléments. Ils considèrent qu’alors que la non-prolifération fait l’objet d’une vigilance continue des Etats dotés de l’arme nucléaire, ces mêmes Etats ne tiennent pas leurs promesses en matière de transfert de technologie ou en renonçant au moins à une partie de leur arsenal ».
Ce sentiment est selon lui renforcé par la hausse des prix des hydrocarbures et la lutte contre le réchauffement climatique, qui font du nucléaire une alternative « que tout pays se doit d’avoir ». Il cite les récentes décisions de l’Egypte, du Maroc et de la Jordanie de lancer « d’ambitieux programmes nucléaires, impensables il y a seulement deux ans ».
Le problème du nucléaire est qu’il s’agit d’une technologie à « double usage », civil et militaire, et que donc « la transparence et la confiance sont essentielles », ajoute-t-il.
Au nom de six pays (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Russie, Chine), M. Solana tente depuis juin 2006 de convaincre les dirigeants iraniens de suspendre leurs activités d’enrichissement nucléaire en échange d’une importante offre de coopération, notamment dans le nucléaire civil.
L’Iran, malgré des sanctions de l’ONU, a toujours refusé jusqu’ici, arguant de son « droit inaliénable » au nucléaire et assurant que ses activités ont des fins purement civiles.