Reuters, Londres, 12 novembre – La Grande-Bretagne réduira ses investissements d’ordre énergétique et financier en Iran si Téhéran ne répond pas aux inquiétudes qu’inspire son programme nucléaire, a déclaré Gordon Brown lundi dans un discours qui insistait aussi sur l’alliance entre Londres et Washington.
« Nous serons en première ligne pour prôner des sanctions à l’Onu comme dans l’Union européenne, en ce qui concerne notamment les investissements gaziers et pétroliers et le secteur financier », à moins que l’UE et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne signalent ce mois-ci des développements positifs, a dit le Premier ministre britannique.
« L’Iran ne doit avoir aucun doute quant au sérieux de nos intentions », a-t-il souligné dans son premier grand discours de politique étrangère depuis qu’il a succédé à Tony Blair en juin.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France) et l’Allemagne ont décidé au début du mois d’étudier une troisième série de sanctions contre l’Iran.
Téhéran a refusé d’arrêter ses activités d’enrichissement d’uranium en dépit des précédentes sanctions de l’Onu et dément vouloir se doter de l’arme nucléaire, comme l’en accusent les pays occidentaux.
LA « RELATION SPECIALE » REAFFIRMEE
Dans son discours, Brown a exprimé son « admiration de toute une vie pour l’Amérique », ajoutant: « Je crois que nos liens avec l’Amérique – fondés sur les valeurs que nous partageons – constituent notre plus importante relation bilatérale. »
Les liens de Tony Blair avec le président américain George Bush, que certains jugeaient trop étroits, ont contribué à la baisse de popularité qui a précipité son départ de Downing Street après deux mandats et demi de Premier ministre.
Depuis son accession à la tête du gouvernement, Brown a pris ses distances avec une grande partie de la politique extérieure de Blair, en indiquant clairement que la Grande-Bretagne comptait retirer le plus tôt possible des troupes d’Irak. Ces prises de position semblent avoir irrité certains conseillers politiques de la Maison blanche.
Mais plusieurs analystes britanniques estiment que, s’il cherche à se dissocier du dossier irakien, le nouveau Premier ministre tient également à assurer l’administration Bush de son soutien et a choisi de s’y employer par le biais des négociations sur le nucléaire iranien.
« Brown ne veut pas devenir Blair. Mais l’Iran représente une sphère où il peut faire savoir aux Américains qu’ils restent du même bord », déclarait la semaine dernière Ali Ansari, directeur de l’Institut des études iraniennes à l’Université de St Andrews (Ecosse).
Brown a aussi déclaré que Londres continuerait de coopérer avec des institutions internationales telles que les Nations unies, le FMI et la Banque mondiale, tout en soulignant qu’elles devaient subir des réformes.