Le Figaro, 22 novembre par Renaud Girard Téhéran veut contrer les conclusions des experts internationaux qui jugent sa coopération insuffisante.
LIran naura pas mis longtemps à réagir au dernier rapport du directeur général de lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA) sur le problème nucléaire iranien. Le jour même où Mohammed ElBaradei présentait, à Vienne, son travail au Conseil des gouverneurs de lAIEA, le ministère des Affaires étrangères de la République islamique organisait, hier à Téhéran, un séminaire international sur la question.
Sayed Jalili, le nouveau négociateur iranien sur les affaires nucléaires, sest montré particulièrement satisfait par un passage du rapport de M. ElBaradei qui dit que lAgence a pu vérifier que lIran navait pas détourné son programme nucléaire déclaré vers un usage militaire. Il a réitéré lattachement de lIran au traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et à linstitution chargée de contrôler son application : lAIEA. «Le TNP et lAIEA sont deux bons instruments de travail pour instaurer la nécessaire coopération internationale en matière dénergie nucléaire», a-t-il dit. Sayed Jalili a remplacé Ali Larijani qui, en désaccord avec la position intransigeante du président Ahmadinejad, démissionna il y a un mois.
Beaucoup plus tiède fut la réaction du négociateur iranien à un article du rapport qui réclame de lIran davantage de mesures concrètes, pour rétablir la confiance perdue avec la communauté internationale depuis la découverte, en 2002, dactivités nucléaires ayant été cachées à lAIEA par Téhéran. ElBaradei demande au régime des mollahs une pleine application du «protocole additionnel» au TNP. Ce dernier, que le Parlement iranien refuse de ratifier, permettait des inspections inopinées sur tout le territoire. Il constituerait une garantie que lIran ne développe pas un programme secret, parallèlement à lactuelle activité denrichissement duranium déclarée à lAIEA.
Interrogé par Le Figaro sur les raisons dun tel programme industriel alors que lIran ne dispose toujours pas de la moindre centrale électrique capable de brûler ce combustible, M. Jalili a répondu que son pays avait pour ambition de se doter dune vingtaine de centrales de 1 000 MW, mais quil ne faisait pas confiance aux pays occidentaux pour assurer ensuite un approvisionnement constant en uranium enrichi…
«Une provocation»
Chef de la commission de non-prolifération de lAcadémie des sciences de Russie, Alexander Pikaev résuma la position de son pays, opposé à ladoption de nouvelles sanctions par le Conseil de sécurité de lONU. Moscou considère comme «une provocation mal venue» ladoption par les États-Unis, il y a quinze jours, dun nouveau train de sanctions unilatérales (visant notamment le corps des gardiens de la révolution et certaines banques iraniennes). «Y a-t-il un agenda caché des Américains, qui chercheraient à faire échouer toute solution de compromis ?», sest interrogé lexpert russe.
Mais M. Pikaev a insisté publiquement pour que lIran offre davantage de transparence sur ses activités nucléaires. «Si, pour des raisons de politique intérieure, lIran ne veut pas ratifier le protocole additionnel, il peut toujours en appliquer les dispositions de manière volontaire !» nous a confié le savant russe.
La Russie, qui freine, sans lavouer, les travaux de la centrale quelle construit à Bouchehr, partage le refus occidental dun Iran doté de larme nucléaire. Mais elle estime que les mesures agressives prises par Washington sont contre-productives. Le différend américano-russe sur lIran porte sur la forme, beaucoup plus que sur le fond…