Reuters, Paris, 1 décembre Par François Murphy – Les grandes puissances ont tenu samedi à Paris une réunion « positive » sur l’Iran, mais ne sont pas parvenues à une décision sur l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran en raison de son programme nucléaire, a déclaré un diplomate français.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Kislyak, était bloqué par la neige à Montréal et il n’a pu assister à la réunion des cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne.
En l’absence de Kislyak, la réunion, qui s’est tenue en présence d’un expert russe qui a participé à la discussion mais qui n’avait pas autorité pour engager son gouvernement, était une réunion informelle, qui a toutefois permis d' »échanger des idées », a ajouté le diplomate français.
« Nous avons des éléments qui nous permettent de penser qu’il y aura une solution à court terme », a-t-il poursuivi, se disant « relativement optimiste » sur la possibilité de voir adoptée à l’Onu une troisième résolution sanctionnant l’Iran « dans les semaines qui viennent ».
La réunion était organisée au lendemain d’une rencontre entre le médiateur européen Javier Solana et le négociateur iranien Saïd Jalili, réunion qui, selon le diplomate français, « a été un désastre ».
« C’est-à-dire que Jalili en gros a dit que tout ce que (Ali) Larijani (ndlr, son prédécesseur) avait proposé était lettre morte, qu’il fallait repartir de zéro et qu’il n’existait pas de proposition iranienne en dehors de la position iranienne bien connue – une fois que nous aurons résolu les questions en suspens, il n’y aurait plus de problème nucléaire iranien », a-t-il expliqué.
En septembre, les « Six » sont convenus de repousser l’adoption éventuelle de nouvelles sanctions contre l’Iran à la fin novembre, en attendant les conclusions d’une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique et les résultats d’une médiation de la « troïka » européenne.
Ils ont décidé que si les rapports de l’AIEA et du médiateur de l’Union européenne, Javier Solana, ne traduisaient pas une « issue positive », ils opteraient pour de nouvelles sanctions contre l’Iran et présenteraient une résolution en ce sens au Conseil de sécurité.
Solana a jugé décevante sa dernière rencontre, vendredi, avec le négociateur iranien Saïd Jalili. Le rapport de l’AIEA a conclu que l’Iran coopérait quoique pas de manière proactive, rendant probable la poursuite des efforts de rétorsion occidentaux.
« REACTIONS APPROPRIEES »
Lors de précédentes réunions, la Russie et la Chine, qui entretiennent d’étroites relations commerciales avec l’Iran, n’ont accepté que les plus douces des mesures proposées par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France.
La république islamique rejette les accusations des pays occidentaux selon lesquelles elle aurait pour objectif de fabriquer des armes nucléaires derrière la façade d’un programme atomique civil.
Le Conseil de sécurité a exigé de l’Iran qu’il cesse d’enrichir de l’uranium, processus qui permet d’obtenir du combustible pour des centrales ou, potentiellement, des armes nucléaires. Téhéran a refusé, lui opposant son droit à acquérir des technologies sensibles.
Les pourparlers de samedi constituaient la première discussion par les « Six » du rapport de l’AIEA et de la réunion entre Solana et Jalili.
Prié de dire comment l’Iran réagirait si Solana présentait un rapport négatif, Jalili a déclaré à son retour de Londres: « Nous attendons un rapport positif mais cependant, nous réagirons de manière appropriée pour protéger les droits de notre pays en tant que signataire du Traité de non-prolifération (TNP) et dans le cadre du TNP. »
Il n’a pas précisé ce que l’Iran ferait si une troisième salve de sanctions était votée au Conseil de sécurité. Des responsables iraniens ont dit par le passé que Téhéran reverrait sa coopération avec l’AIEA.
Prié de dire s’il s’attendait à l’adoption d’une autre résolution à l’Onu contre l’Iran, Jalili a répondu: « A l’heure actuelle il y a un bon climat qui s’appuie sur le rapport (de l’AIEA) et notre comportement logique dans le cadre du TNP mais il y a quelques puissances qui ont décidé par avance de contrer notre comportement logique. »
L’Iran collabore avec l’AIEA sur un plan dont le principe a été entériné en août et qui vise à dissiper des soupçons pesant encore sur son programme nucléaire.